L’idée de cartographier et de caractériser ces communs ruraux, forestiers et maritimes français est née sur la liste du réseau francophone des communs (liste échanges) en 2022.
Le petit groupe de travail qui en est sorti, s’est donné pour objectif de construire une « preuve de concept » d’un outil de cartographie contributive qui permette de localiser et de documenter de manière participative, un nombre significatif de ces communs ruraux, forestiers et maritimes.
Il s’agit de mieux connaitre leurs localisations, règles et usages, leurs cadres juridiques et leurs histoires, les services sociaux, écosystémiques qu’ils rendent et les risques encourus s’ils disparaissent, mais aussi les communautés d’usage qui en prennent soin.
Le choix des critères définis pour documenter ces communs a fait l’objet d’un travail coopératif approfondi, mais nécessairement lié à l’expérience subjective des membres du groupe de travail. Il ne prétend donc pas être exhaustif, encore moins définitif.
La proposition est cependant de les retenir à ce stade de l’expérimentation, afin d’aboutir dans un premier temps à une carte qui donne à voir et à comprendre le nombre, la richesse, la diversité, les usages ainsi que l’utilité sociale et écologique de ces « lieux en communs ».
Cette première cartographie expérimentale élaborée en commun sous licence libre « Creative Commons » pourra alors dans un deuxième temps servir de base à un projet universitaire ou professionnel plus ambitieux, destiné le cas échéant au grand public et à leur mise en réseau.
Des membres de l’Assemblée des Communs de Grenoble ont contribué aux discussions favorisant l’émergence du laboratoire européen d’entraide juridique pour les communs lors du Commonscamp de Marseille qui s’est déroulé le 17,18 et 19 Janvier 2020. A cette occasion, plusieurs grenoblois ont contribué aux différents ateliers juridiques et aux discussions lors du Forum Ouvert en particulier autour du droit à la ville et des communs urbains.
Suite à ces échanges, un groupe de travail a été constitué composé de juristes et de commoneurs visant à identifier des problématiques Une première rencontre a eu lieu lors de l’assemblée des communs des communs de Marseille visant à
déployer une méthodologie et des outils d’appui à des situations locales entrant la dynamique des communs
organiser des temps d’échanges pour partager les questionnements les ressources et les pistes relatives à ces situations
réaliser une plateforme en ligne de partage de ressources et expériences
Une phase de préguration du laboratoire d’entraide juridique a début au cours de l’année 2022 avec l’objectif de
préfigurer un pôle d’entraide juridique composé de juristes chercheurs ou praticiens. Ce dispositif pourra être interne ou adossé au labo (via une structure ad hoc par exemple).
développer un outil méthodologique et pratique qui permette aux collectifs de commoners de formaliser des déclarations d’usage civique des communs en France ;
développer un outil de partage de documentation ;
définir les modalités de gouvernance et un modèle économique pérenne
Article écrit par Ezgi Bakçay (collectif Karşı Sanat) et İmge Haliloğlu pour la revue Bir+Bir. 1+1 Express est un réseau d’actualités, revue et commentaires de l’association Culture et Art Bir+Bir, fondée en 2017 par le collectif 1+1, opérant depuis 1994. Le magazine 1+1 Express est publié trimestriellement en version papier et disponible en librairie. Vous pouvez lire la version turque de cet article ici. L’article a aussi été publié sur le site de Commonspolis.
Dans une période où le temps et l’espace social deviennent de plus en plus claustrophobiques, la société civile est étouffée, nous avons décidé de prendre l’air de la montagne pour regarder vers d’autres horizons. On s’est croisé avec des vieux amis des mouvements sociaux urbains qui continuent à chercher, tracer, marcher sur « les lignes d’erre en commun” pour déclencher notre imagination collective. On s’est retrouvé dans le climat inspirant des associations et des lieux indépendants dans la région de Grenoble. Depuis le cœur des Alpes, nous sommes immergées dans les idées et les pratiques par le biais d’un réseau couvrant l’ensemble du territoire français et au-delà.
A l’occasion de notre visite à l’Assemblée des Communs et des Possibles à Grenoble en France, nous avons interviewé David Gabriel Bodinier qui est un artiste-activiste impliqué depuis de nombreuses années avec des mouvements sociaux urbains qui agissent dans les quartiers populaires. Nous avons parlé des trajectoires de “commoning” dans un contexte historique, des communs, du droit à la ville et du municipalisme. Nous avons parlé ensemble du passé, de ce qui se passe aujourd’hui et de quelques idées pour le futur.
Tu es actif depuis plusieurs années dans le quartier emblématique de la Villeneuve qui fête ses 50 ans cette année et dans l’Assemblée des Communs de Grenoble.Peux-tu nous parler un peu de l’histoire de ta ville et du quartier de la Villeneuve ?
Grenoble est une ville secondaire située à une centaine de kilomètres au sud de Lyon, au cœur des Alpes françaises. On dit souvent que c’est la capitale des Alpes, car elle est vraiment située au cœur des montagnes et à la confluence de deux rivières. Il s’agit d’une petite ville mais qui a une histoire spécifique pour les mouvements sociaux. On dit parfois que la révolution française a commencé à Grenoble avec la journée des Tuiles le 7 Juin 1788 ! Tout au long du XIXème siècle, la ville a été marquée par l’industrialisation aboutissant à la création de plusieurs quartiers ouvriers, en particulier St Bruno où il subsiste encore aujourd’hui une culture d’organisation politique. Pendant la seconde guerre mondiale, Grenoble a été un lieu important pour les mouvements de résistance qui ont pris les maquis dans les montagnes entourant la ville, en particulier dans le Vercors. A partir du milieu du XXème siècle, la ville est devenue un grand centre universitaire avec de nombreuses institutions de recherche. Toute cette histoire a créé une ambiance spécifique pour une ville de cette taille.
Depuis les années 60, Grenoble est devenue laboratoire politique pour la nouvelle gauche. Les groupes d’action municipale (GAM) ont remporté les élections en 1965 avec l’idée d’une réappropriation des institutions municipales par les citoyens. Ils voulaient que les habitants participent à la gestion de la ville face au pouvoir de l’Etat. Cette stratégie politique a permis de transmettre la tradition du municipalisme où les mouvements sociaux cherchent à contester le pouvoir de l’Etat à partir du pouvoir des villes. Les groupes d’action municipale cherchaient d’abord à transformer le quotidien des habitants à travers de nouvelles politiques urbaines. Ils se sont notamment inspirés des théories d’Henri Lefebvre pour créer un vaste projet urbain situé au sud de Grenoble qui s’appelle la Villeneuve.
La Villeneuve est le résultat de la rencontre entre les groupes d’action municipale (GAM) et une coopérative d’architecture et d’urbanisme (AUA) et des citoyens. Ensemble, ils ont essayé de réaliser une utopie à une grande échelle : plusieurs milliers de logements sociaux, des copropriétés, des nombreuses écoles autour d’un projet d’éducation alternative, des centres de santés communautaires, des centres culturels, un parc de 14 hectares, une télévision de quartier, une école d’architecture… La Villeneuve est devenue un lieu emblématique qui a beaucoup marqué l’histoire urbaine en France et les mouvements sociaux urbains.
Tu es le fondateur d’une association Next Planning créée à la Villeneuve de Grenoble. Dans quel contexte a été créée l’association ? Quel est votre lien à l’histoire de la Villeneuve ?
Next Planning a été créée dans le contexte d’un vaste mouvement d’organisation dans les quartiers populaires de Grenoble qui a débuté en 2010. Avec plusieurs activistes, nous avons commencé à discuter de la nécessité de créer de nouvelles organisations dans les quartiers populaires à la suite des révoltes urbaines entre 2005 et 2010. Nous nous sommes inspirés des méthodes d’un sociologue américain Saul Alinsky à l’origine de la tradition du community organizing à Chicago pour créer une vaste organisation qui s’appelle l’Alliance Citoyenne avec plusieurs centaines d’habitants.
Nous avons créé Next Planning à la suite de ce mouvement avec l’idée de construire un outil pour la transformation des politiques urbaines et municipales. Notre objectif est de soutenir les capacités des habitants à intervenir dans les processus de planification urbaine. Comme à l’époque des groupes d’action municipale (GAM), nous voulons une réappropriation de la ville par les citoyens et réussir à modifier les plans en se basant sur les propositions des habitants et des mouvements sociaux.
A partir de 2012, nous avons rencontré un groupe d’habitants qui luttait contre un projet de rénovation urbaine qui imposait la démolition de plusieurs immeubles de la Villeneuve. Ce groupe était réuni autour d’un ancien instituteur André Béranger qui avait participé au projet pédagogique de la Villeneuve dès les premières années. C’est à ce moment-là que nous avons découvert l’histoire de la Villeneuve qui avait été un peu oubliée. Nous avons alors commencé à travailler sur la mémoire de ce quartier pour envisager comment il était possible de lutter contre les démolitions du quartier. Nous avons créé un Atelier Populaire d’Urbanisme (APU) rassemblant des habitants, des associations, des architectes, des chercheurs (…) pour élaborer un projet alternatif à la démolition de la Villeneuve. Nos propositions ont été reprises lors des élections municipales de 2014 contribuant à l’élection d’Eric Piolle autour d’un nouveau rassemblement des citoyens de la gauche et des écologistes.
C’est à partir de ces années-là que l’on commence à parler du “nouveau municipalisme” avec des expériences qui émergent dans plusieurs villes dans le monde, en particulier suite au mouvement d’occupation des places. Quel est le lien avec le mouvement des places et les expériences municipalistes qui ont émergé, par exemple, en Catalogne et en Espagne ?
Nous avons été très marqués par le mouvement d’occupation des places des indignés en Espagne, la place Tahrir et les révolutions arabes, le mouvement occupy aux Etats-Unis et de l’occupation du parc Gezi à Taksim. Selon notre perspective, ces mouvements s’inscrivaient dans le prolongement du mouvement altermondialiste et des forums sociaux. En France, il a fallu attendre le printemps 2016 pour voir l’émergence du mouvement Nuit Debout. A Grenoble, nous avons occupé pendant deux mois le parvis de la Maison de la Culture (MC2) qui est un espace public entre le centre ville et les quartiers populaires, dont la Villeneuve.
Pendant les deux mois de l’occupation, nous avons eu beaucoup de temps pour discuter de nos stratégies politiques. Lors des assemblées, dans les commissions ou pendant la nuit sous les tentes, nous discutions de l’importance de continuer à soutenir les luttes pour le logement, l’auto-organisation dans les quartiers populaires, la défense des communs mais aussi des stratégies de réappropriation des institutions municipales. C’est à la suite de cette occupation que nous avons créé l’Assemblée des Communs de Grenoble.
En 2017, nous avons eu l’opportunité de participer au premier sommet municipaliste Fearless Cities à Barcelone à l’initiative de la plateforme « Barcelona en Comú« .Dans une époque marquée par le retour des autoritarismes, ce rassemblement des « villes sans peur » visait à transformer la façon de faire de la politique en partant du bas. Le mouvement s’inscrivait dans la perspective d’un « nouveau municipalisme » en s’inspirant du philosophe et écologiste Murray Bookchin.. Nous avons commencé à échanger sur nos expériences respectives et à discuter en profondeur les stratégies de réappropriation des institutions municipales. Un certain nombre de participants ont poursuivi les échanges lors de l’assemblée européenne des communs à Madrid qui a été organisée plusieurs mois plus tard. Toutes ces rencontres ont contribué à bâtir une alliance entre les mouvements d’habitants du droit à la Ville, les mouvements communs et le municipalisme à l’échelle européenne. Nos échanges transnationaux ont permis d’inscrire les stratégies municipalistes dans le temps long car la réappropriation des institutions municipales face au pouvoir de l’Etat est un phénomène qui s’est répété à travers l’histoire dans de nombreux pays.
En Turquie, l’opposition sociale,qui est devenue beaucoup plus fragile dans la période antidémocratique vécue après l’occupation du parc Gezi, discute des perspectives ouvertes par les élections municipales de Istanbul 2019 qui pourraient aller plus loin avec la possibilité d’un changement politique en 2023. C’est pourquoi les échanges avec les expériences menées en Espagne, en France, en Italie ou ailleurs sont importants à la veille de l’élection présidentielle. Tu as cité les Assemblées des Communs, où nous étions invités. Peux-tu nous en dire plus ? Comment ces assemblées s’organisent et quelles sont les méthodes ?
Les Assemblées des Communs rassemblent des personnes et organisations impliquées dans les communs pour échanger sur nos pratiques et défendre un agenda politique. C’est un outil politique qui essaye de créer de nouvelles pratiques politiques dans les territoires. Au début, nous avons commencé à discuter de nos pratiques d’occupation des places, des espaces alternatifs et des quartiers comme par exemple, le soutien aux habitants de la Villeneuve face à la démolition de leur quartier. Puis, nous avons élargi la discussion à la défense des communs naturels – des rivières, les forêts, les montagnes, les champs (…) et des communs immatériels – nos pratiques culturelles, numériques, connaissances, mémoires…
Les assemblées visent à renforcer nos pratiques de « commoning » en s’organisant de façon horizontale dans les territoires. Nous essayons d’avoir des formes d’organisation qui permettent de gérer nos ressources de manière démocratique, y compris en essayant de remettre en cause les rapports de pouvoir et domination qu’il peut y avoir au sein de nos communautés. Nous voulons être attentifs à ce que chacun puisse participer aux assemblées des communs et apprendre des différentes pratiques d’auto-organisation. Par exemple, lors de la dernière assemblée, nous avons beaucoup appris des pratiques des tables de quartier, qui sont des formes d’organisation des habitants dans les quartiers populaires.
L’une des spécificités de l’assemblée des communs de Grenoble, c’est que la municipalité de Grenoble participe à l’assemblée. Cela suscite beaucoup de débat mais nous trouvons cette situation intéressante. Dans l’assemblée, la municipalité a une voix comme une autre organisation politique. Ni plus, ni moins. Donc, il faut être clair : ce n’est pas la ville de Grenoble qui dirige l’assemblée des communs et les mouvements gardent leur autonomie. Pour les personnes qui travaillent pour la municipalité ce n’est pas toujours facile ! Nous essayons de changer la position des institutions municipales vis-à-vis des mouvements sociaux, tout cela dans un cadre ouvert et convivial. Dans nos assemblées, on discute, on mange ensemble et on fait la fête (rire) !
C’était une réunion qui n’était pas encadrée d’avance mais qui était organisée in-situ à partir de la présence et les exigences des participants. On a remarqué qu’avec les fréquentations successives des années, l’assemblée a créé une communauté. Les participants sont déjà en train de travailler ensemble sur leurs problèmes locaux. Qui était les participants de la dernière assemblée des communs et des possibles et quels étaient les thèmes de discussion?
L’assemblée forme une constellation de groupes très différents avec des activistes, des associations, des artistes, des chercheurs (…) par exemple des représentants d’un espace alternatif qui s’appelle “Le Lieu” qui est dédié aux personnes sans logement pour qu’ils puissent avoir un lieu dans la ville pour se poser, discuter, s’organiser pour défendre leurs droits… D’autres participants sont impliqués dans les tables de quartier qui sont des groupes auto-organisés d’habitants dans les quartiers populaires. Il y a également des associations qui défendent la rivière, des personnes impliquées dans les communs fonciers qui participent à la gestion des ressources naturelles, des chercheurs, des juristes qui s’intéressent aux communs et des artistes pour s’ouvrir à de nouvelles sensibilités et à de nouveaux imaginaires à travers les communs.
Durant l’assemblée des communs et des possibles, nous avons discuté autour de l’idée de l’anthropocène, même si ce n’est pas évident de construire un langage commun entre toutes significations scientifiques, politiques et artistiques liées à la lutte contre le changement climatique. Nous essayons de créer de nouvelles convergences entre les communs urbains et des communs dans les espaces naturels. A Grenoble, nous avons beaucoup de montagnes et des espaces fonciers qui sont des communs, par exemple les “sections de commune” qui ne sont pas gérés par l’Etat ou des propriétaires privés mais qui sont gérés en commun.
Nous avons également discuté des communs dans un contexte transnational, comme les liens que nous pouvons établir avec les artistes et les activistes en Italie, en Espagne, en Turquie…l y a toujours eu de nombreux échanges translocaux dans l’histoire mais aujourd’hui l’échelle et la vitesse des circulations sont de plus en plus importantes avec de multiples influences réciproques.
Notre génération est en train d’expérimenter de nouvelles radicalités politiques et démocratiques. Les mouvements sont devenus très exigeants dans la façon de s’organiser au niveau infrapolitique. Il y a une profonde influence des mouvements féministes qui ont remis en cause des statuts de pouvoir, des façons de parler, des attitudes. Il y a également de nouvelles connaissances et de nouvelles pratiques qui se développent avec plus de sensibilité et d’ouverture, y compris aux non-humains. Nous ressentons plus grande prise en compte des plantes, des animaux, des plantes, du climat. Nous avons par exemple beaucoup parlé lors de la dernière assemblée des rivières dans notre région. Comment peuvent-elles se défendre ? La rivière peut-elle parler ? Les écrivains et les artistes ont beaucoup à nous apprendre car un certain nombre d’entre eux peuvent retranscrire ce qu’exprime la rivière.
La Villeneuve.
Pour pouvoir concrétiser vos pratiques, pendant la pandémie qu’elles ont été les solidarités qui ont été créées par les mouvements et associations ?
Notre première stratégie est de renforcer nos bases sociales. En France, après les révoltes des quartiers populaires, nous avons commencé à soutenir des processus d’organisation des habitants dans les quartiers populaires. Nous avons commencé par créer des relations avec des personnes qui n’étaient pas du tout activistes et qui essayaient juste de se défendre face à des problèmes quotidiens, du logement, des problèmes économiques, les difficultés éducatives…
Ces pratiques se sont renforcées pendant la pandémie où il y a eu beaucoup d’actions d’entraide et de solidarité autour d’actions très concrètes sur l’alimentation, la défense des conditions de logement, le soutien aux personnes âgées ou aux enfants. Nous avons essayé de reconstruire nos pratiques politiques à partir de dimensions très concrètes de la vie quotidienne pour ne pas rester au niveau des grandes théories conceptuelles du rapport à l’Etat, aux multinationales et au capitalisme, même si elles sont aussi importantes.
Pour concrétiser, nous essayons de créer des organisations avec l’ensemble des couches de la société pour être au plus près de la société et éviter de constituer des petits groupes isolés. Nous avons besoin d’être nombreux pour faire face aux autres forces qui traversent la société, en particulier l’extrême droite. Depuis plusieurs années, les pays européens sont traversés par des mouvements d’extrême droite et nous avons un défi très important d’éviter leur prise de pouvoir. L’extrême droite est récemment arrivé au pouvoir en Italie et cette situation peut arriver partout.
Ensuite notre stratégie est de prendre les institutions municipales pour contester le pouvoir de l’Etat.
Nous arrivons à un point crucial de notre interview. Comment vous arrivez à travailler avec les municipalités ? Ici, c’est une grande question car nous devons rendre la communication plus efficace et les processus plus participatifs. Quelle est ton expérience?
Les relations avec les municipalités sont toujours difficiles car ce sont des institutions qui héritent d’un fonctionnement hiérarchique qui est souvent assez éloigné des pratiques des mouvements sociaux. Les municipalités ont un fonctionnement centralisé autour de la figure du maire, avec un petit monde qui gravite autour de nombreux services municipaux, des techniciens, divers intérêts… C’est justement ce fonctionnement que nous essayons de transformer avec le nouveau municipalisme. En Espagne, la plateforme « Barcelona en Commun » a commencé à développer une nouvelle culture politique au sein des municipalité en associant les associations, les citoyens, les mouvements sociaux à la définition des nouvelles politiques municipales. Notre défi est de réussir à transformer les municipalités à partir des pratiques que nous avons développées lors des occupations des places avec les assemblées démocratiques. Après le mouvement d’occupation des places, il y a un mouvement d’occupation des municipalités pour pouvoir les transformer.
Je peux essayer d’illustrer mon propos par une image. A Grenoble, le maire Eric Piolle était présent lors du mouvement d’occupation de l’espace public devant la Maison de la Culture. Il a participé à une assemblée comme tous les autres citoyens. Il était venu écouter ce qu’avaient à dire les habitant-es qui étaient réunis en assemblée, y compris les critiques des politiques qu’il peut mener. Nous voulons nous réapproprier les institutions municipales tout en gardant notre liberté de parole, nos façons de faire, notre autonomie politique et nos principes d’auto-organisation pour décider du futur de la ville.
Nous avons beaucoup parlé de ce qui se passe à Grenoble mais il y a des mouvements similaires à Marseille, Lyon et dans d’autres villes françaises. Tu peux nous parler des liens avec les communautés dans les différentes villes?
Nous avons tissé un réseau entre les différents mouvements d’habitants qui agissent pour les communs, le droit à la ville et le municipalisme. Par exemple à Marseille, il existe un mouvement très important d’organisation des habitants. Suite à l’effondrement de plusieurs immeubles dans le quartier de Noailles, les habitants se sont rassemblés et ont organisé des manifestations pour défendre le droit à la ville. Lors des dernières élections municipales, ce mouvement a fini par produire des changements politiques. Les habitants ont commencé à se réapproprier les institutions municipales. A Lyon, à Poitiers, à Strasbourg et dans de nombreuses petites villes, il y a eu également des changements du pouvoir à l’échelle municipale. A chaque fois, il y a une certaine spécificité car les mouvements d’habitants sont très liés au contexte et à la mémoire de chaque ville. C’est pourquoi nous pensons qu’il est très important de transmettre les histoires passées car elles ont un impact dans le présent. Le réseau municipaliste français est assez important, même s’il n’est pas forcément connu à l’étranger où l’on a tendance à s’intéresser uniquement à la politique nationale autour de la domination politique d’Emmanuel Macron. Il est intéressant de constater qu’il y a également des mouvements similaires dans d’autres pays européens en Espagne, en Italie, dans les Balkans et dans plusieurs continents. Et nous espérons que les changements municipaux qui ont eu lieu en Turquie, en particulier à Istanbul, sont annonciateurs de changement à l’échelle de l’Etat ! On vous soutient fort !
En parlant de mémoire, je me rappelle que pendant l’Assemblée, l’un des points les plus importants a été de parler du passé comme un commun. Tu nous avais parlé de l’histoire de André Béranger à la Villeneuve, de son adieu et de la communauté.
Cette histoire a été racontée lors de la dernière assemblée des communs et des possibles, j’ai eu la chance de rencontrer André Béranger quand il a commencé à se mobiliser face à la destruction de la Villeneuve. Il était très attaché à ce quartier où il s’était impliqué dans le projet pédagogique des écoles de la Villeneuve dans les années 70. Face au projet de démolition, nous avons fait du porte à porte pour alerter les voisins, organiser des réunions publiques, installer des banderoles dans le quartier… Quand j’allais chez lui, il m’expliquait longuement le projet politique de la Villeneuve et des groupes d’action municipale. Malheureusement, suite à une maladie pendant la crise du COVID19, sa famille nous a envoyé un message nous disant qu’il allait très mal et en nous invitant à se rassembler en bas de chez lui. Malgré le confinement et le couvre feu, nous nous sommes retrouvés à plus de 200 personnes avec une batukada, une chorale, des bougies pour lui rendre hommage… André est alors venu nous saluer une dernière fois depuis sa fenêtre. Il est décédé le lendemain. C’était un moment très fort où nous avons formé une communauté. Tout au long de sa vie, André Béranger s’est impliqué pour vivre ensemble dans un quartier, et faire face aux aléas de la vie. La veille de sa mort, la communauté était réunie autour de lui. Pour moi, ce moment a de profondes significations sur ce que veut dire “faire communauté”, surtout après la crise du COVID19. Nous continuons d’agir aussi grâce aux personnes qui ne sont plus là. D’une certaine manière, elles sont encore présentes à travers nous et elles nous invitent à continuer d’y croire, à ne pas se décourager. Cette conversation sur le lien entre la communauté des présents et des absents a été l’un des moments les plus forts de l’assemblée des communs.
Juste pour terminer, dans le titre nous avons parlé des lignes d’erre. Qu’est ce que ça veut dire ligne d’erre pour toi?
C’est une expression de Fernand Deligny. C’était un éducateur, écrivain, réalisateur qui travaillait avec la jeunesse délinquante, notamment des centres éducatifs fermés où il imaginait des projets d’évasion, et il a terminé sa vie en travaillant avec des enfants autistes dans les montagnes des Cévennes en France. Il avait organisé plusieurs villages où les enfants vivaient en communauté. Les enfants avaient la liberté d’aller là où ils avaient envie pour réaliser leurs activités quotidiennes. A la fin de la journée, les adultes traçaient les lignes de leur trajet sur des grandes feuilles. Pour moi, les lignes d’erre sont des lignes de liberté permettant d’aller au-delà des contraintes de la société pour explorer de nouveaux horizons. L’errance c’est un façon de se perdre, de s’égarer, en dehors des sentiers battus, des chemins qui ont été tracés par les pouvoirs qui cherchent à nous contraindre, y compris par les pouvoirs technologiques. Il s’agit de trouver des chemins de traverse pour vivre autrement, avec les personnes que nous avons envie de vivre. L’assemblée des communs et des possibles s’inscrit dans cette recherche. Nous avons organisé la dernière assemblée dans la montagne pour explorer de nouveaux lieux, là où nous n’avons pas forcément l’habitude d’aller. Dans ces endroits, nous pouvons créer de nouveaux espaces de liberté. Ces lignes d’errance vont pouvoir nous emmener partout dans le monde et, je l’espère, en Turquie !
Pendant l’assemblée des communs et des possibles de Grenoble le 10-13 Novembre 2022, nous avons décidé d’organiser des workshops sur les communs à Marseille, à Naples, à Istanbul enfin à Mardin. On va essayer de passer ces lignes d’errance sur la Turquie aussi avec différents acteurs, d’autres participants, élargir la carte de communauté vers les nouveaux contextes sociaux. Merci de partager avec nous ces expériences.
Note de la revue
Chers ami-e-s, les 28 années d’archives de nos revues Express, Rolls et Bir+Bir sont enfin disponibles en format numérique. L’hebdomadaire Express a commencé sa publication en janvier 1994 avec le slogan « un monde sans classe et sans exploitation » en étant toujours indépendant des pouvoirs économiques, partis politiques ou organisations non gouvernementales. Il s’est poursuivi jusqu’à la fin de 2022 avec des périodes hebdomadaires, bi-mensuelles, mensuelles et trimestrielles, en tant que publication gérée sans patron, sans hiérarchie, et protégeant pleinement son indépendance éditoriale. Les revues Roll et Meşin Yuvarlak ont rejoint la caravane en 1996 et Bir+Bir en 2010. Plus de 500 exemplaires du magazine sont en cours de transfert vers le site birartibir.org. L’accès à tous les numéros est ouvert. Mais si vous le souhaitez, vous pouvez contribuer en publiant sur birartibir.org que ce soit de manière ponctuelle, quand vous en avez envie ou régulièrement. Vous pouvez effectuer un virement direct sur le compte de l’association Bir+Bir Culture et Art avec la mention « don de l’association » (voir les coordonnées bancaires ci-dessous) ou vous pouvez utiliser ce lien pour les transactions par carte :
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Fidèle à sa longue tradition municipaliste, Grenoble était pendant trois jours l’épicentre d’un vaste réseau réunissant des élus municipaux, activistes, techniciens, experts et chercheurs visant à renforcer la démocratie locale.
Du 7 au 10 décembre 2022, plusieurs centaines de personnes ont participé à des conférences, débats et ateliers des 21ème rencontre de l’observatoire international de la démocratie participative (OIDP) venant conclure en beauté une année particulièrement riche d’évènements organisés dans le cadre de « Grenoble Capitale Verte 2022 ». Devant la profusion d’activités organisés avec l’OIDP, il n’est pas facile de donner une image d’ensemble, mais nous allons partager ici quelques aperçus de cette constellation qui œuvre pour la démocratie avec une perspective municipaliste.
Le ton a été donnée par la soirée d’ouverture organisée à la Maison de la Culture de Grenoble. Au delà des discours protocolaires, l’intervention du secrétaire générale a posé clairement les enjeux démocratiques de l’autonomie des autorités locales dans un contexte international marqué par des restrictions de libertés et la persistance des états autoritaires. Le débat animé par l’excellente chercheure Marion Carrel s’est ensuite interrogée sur l’articulation avec les mouvements sociaux et l’enjeu de la prise de décision. Le public a eu l’occasion exceptionnelle d’entendre les récits du Garçon Almedia de Porto Alegre, de la présidente de l’assemblée constituante du Chili et Magali et la députée au parlement de Bruxelles Capitale. La démocratie locale est debout pour défendre la démocratie.
La seconde journée a débuté par une conversation intitulée « des tranchées aux avenues de la démocratie participative » animé par Yves Cabannes avec Giovanni Allegretti, Garçon Almedia, Gilles Dumas (…). La réflexion portait sur le cercle vertueux de l’alliance entre mouvements sociaux et municipalités : les combats des organisations d’habitants finissent par transformer le contexte socio-politique des autorités locales qui à leur tour mènent des politiques publiques qui renforcent les alternatives. Il est toujours passionnant de découvrir ou réentendre des grandes figures de la démocratie locale présenter la multitude d’alternatives : coopérative d’habitants, organismes fonciers, monnaies locale… J’ai toutefois été surpris que ces récits ne soient pas articulés avec les principales stratégies des dix dernières années : l’intersectionalité, l’occupation des places, des centres culturels, et des pratiques de commoning du « nouveau » municipalisme. Surtout, le débat n’a pas réussi à dépasser la transmission du récit de la démocratie locale depuis Porto Alegre pour construire des stratégies pour le présent. Cette difficulté de dépasser la succession de présentation d’expérience était également présente lors du second débat sur le climat et la démocratie locale.
Avec plus de soixante ateliers, les échanges d’expériences ont rythmé la seconde journée. Dans ces ateliers, les collectivités locales viennent présenter des bonnes pratiques, des professionnels parlent de leurs méthodes, des chercheurs contribuent avec leurs analyses (…) mais le plus souvent les habitants sont absents ! Alors que les organisations d’habitants ne cessent de répéter « ce qui se fait pour nous, sans nous, se fait le plus souvent contre nous », c’est quand même un comble pour un sommet pour la démocratie participative ! Bien sur qu’il n’est pas facile de résoudre cette contradiction mais nous penssons que les organisateurs des rencontres de l’OIDP et les municipalités devraient faire plus d’effort pour soutenir la participation des organisations d’habitants pour corriger l’image trop institutionnelle des rencontres de l’OIDP.
Deux activités ont particulièrement marqué les XXIème rencontres de l’OIDP.
La rencontre intitulée « Le municipalisme féministe : quelles approches pour l’action locale ? » était organisée par Amanda Flety de la commission inclusion social et droits humains de CGLU. Les présentations des maires de Villa Alemana (Chili), Iztapalapa (Mexique) et d’une représetante du bureau des femmes de Jezireh (Syrie) ont témoigné de la profonde transformation de la démocratie locale et de l’amélioration des conditions de vie de leurs habitants à partir d’une perspective féministe. Cette rencontre a été égament été marquée par la présence de la co-présidente du département des autorités locales et de l’écologie de la région de Jezireh (Syrie) dans le cadre du réseau de solidarité internatinoal « JASMINES » (Jalon et actions de solidarité. Municipalisme et internationalisme avec le Nord-Est de la Syrie) impulsé par la Fondation Danielle Mitterand.
La rencontre « Démocraties sous surveillance : Résistance face aux rétrécissements démocratiques » animé par le chercheur français Julien Talpin s’interrogeait sur le rôle des villes et des collectifs citoyens dans la défense de la démocratie locale. Les interventions de Med Wajdi Aydi, maire de Sfax (Tunisie), Jules Dumas Nguebou (Cameroun), Savaş Zafer Şahin de l’assemblée citoyenne d’Ankara (Turquie) et d’Alexandrina Najmowicz de l’European Civic Forum et Adrien Roux pour l’observatoire des libertés associatives explorait dans quelle mesure les villes peuvent contrebalancer les politiques répressives au niveau national en Europe et dans des régimes autoritaires.
Cette rencontre était particulièrement pertinente au regard du contexte actuel de menace sur la démocratie. Alors que la prochaine conférence aura lieu en 2023 à Rio de Janeiro (Brésil), l’ensemble du réseau de défenseurs de la démocratie locale devraient se tourner sur les enjeux cruciaux des prochaines années en particulier à l’est de l’Europe et dans le Moyen-Orient pour soutenir les défenseurs des droits humains et soutenir les pouvoirs municipaux dans les pays de la région.
A l’espace associatif du 120 Galerie de l’Arlequin et accessible en visio sur inscription par mail à planning(a)zaclys.net
Présentation du rapport d’activité 2021 et discussion autour des avancées du projet urbain stratégique et démocratique dans le cadre des 50 ans de la Villeneuve (https://50ansvilleneuve.net)
Nous avons le plaisir d’annoncer que la 3ème caravane pour le droit à l’alimentation démarre la semaine prochaine du 13 juin au 2 Juillet 2022 ! Pendant les quinze prochains jours, vous êtes invités à participer à des rencontres, ateliers, des repas pour réfléchir et agir ensemble pour le Droit à l’Alimentation !
✅ Mardi 22 Juin de 14h30 : Permanence des comités d’habitants pour discuter ensemble du bilan des caddies solidaires (au Bocal 1 97 Galerie de l’Arlequin 38000 Grenoble)
✅ Dimanche 26 Juin de 9h à 22h : Atelier cuisine et dégustations pour la fête de quartier organisée à l’occasion des 50 ans de la Villeneuve (dans le parc Jean Verhlac, 38000 Grenoble)
✅ Samedi 2 Juillet à 16h à 21h : Pour fêter ensemble le final de cette 3ème Caravane pour le Droit à l’Alimentation, participer à une dégustation organisée à l’occasion Villeneuve Plage (dans le parc Jean Verhlac, 38000 Grenoble)
Partenaires de la caravane pour le droit à l’alimentation: des comités d’habitants de la Villeneuve de Grenoble et d’Echirolles, Assemblée des Communs, Conseil Citoyen Essarts Surieux, Next Planning, Villeneuve Debout, Le Barathym, Cuisines Sans Frontières, les achats groupés des Essarts, le Lisra, l’UITC (…)
Si vous souhaitez participer, ces initiatives sont ouverte à tou-tes ! Pour toutes questions, infos, propositions : villeneuve.numerique(a)zaclys.net
Villeneuve Plage est un évènement qui se déroule chaque été au sein du Parc Jean Verlhac de la Villeneuve de Grenoble qui consiste à se réapproprier l’espace public à travers des activités culturelles, éducatives, festives et conviviales.
Cet évènement initié par l’Atelier Populaire d’urbanisme (APU) est porté par le collectif inter associatif Villeneuve Debout. Il est rendu possible grâce à une démarche participative favorisant l’implication des partenaires, habitants et associations pour organiser des activités en soirée et week-ends qui s’adressent à tous les publics mixtes et intergénérationnelles.
Cette année, Villeneuve Plage sera l’occasion de fêter les 50 ans de la Villeneuve et participe à la démarche Grenoble Capitale Verte en respectant la charte éco évènement.
Cette initiative est ouvert à tou-t-es, Si vous souhaitez participer, vous pouvez nous contacter à planning(a)zaclys.net et contact@villeneuvedebout.org
Suite à la profonde crise urbaine révélée par l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne & les arrêtés de périls sur plusieurs centaines d’immeuble provoquant le délogement de milliers d’habitant-es, une nouvelle étape est en cours avec la planification d’opérations d’urbanisme visant à réhabiliter en profondeur des immeubles de plusieurs ilôts urbains à Marseille.
Ces opérations sont planifiées par une démarche intitulée « projet partenarial d’aménagement » (PPA) qui est un contrat associant la ville de Marseille, la Métropole, l’Etat et des sociétés d’aménagement. Grâce aux mobilisations, les mouvements d’habitants et les associations ont réussi à s’imposer au sein du comité de pilotage de la démarche sous la forme d’un collège des maîtrises d’usage.
Le lancement du collège des maitrises d’usage a eu lieu sous la forme d’un atelier populaire d’urbanisme (APU) qui s’est déroulé le 6 Juin 2022 dans la grande salle du CCO Velten à Belzunce rassemblant des habitant-es, étudiants et associations de différents quartiers concernés par les futurs aménagements. La composition du groupe était diversifié avec des habitants du parc social ou du parc privé dégradé (notamment de la cité Pottier à la Belle de Mai, Felix Piat et des habitants concernés par les delogements), des habitants propriétaires d’un logement au centre ville et des étudiants, enseignants chercheurs et quelques professionnels de l’urbanisme.
Les objectifs de la réunion étaient :
Réunir le collège des maitrises d’usage et informer sur le le PPA pour soutenir l’organisation collective des habitants
Réaliser un diagnostic partagé sur les ilots expérimentateurs au niveau du logement, de la végétalisation, des équipements, de l’espace public et des mobilités
Envisager collectivement les prochaines étapes
Déroulement de la rencontre
La rencontre a débuté par un mot d’introduction d’Hélène suivie d’une présentation d’un schéma du Plan Partenarial d’Aménagement (PPA) et du collège des maitrises d’usage par Stéphane et Carole.
Un premier tour de discussion s’est ouvert pour des demandes de clarification sur le rôle d’un atelier populaire d’urbanisme (démarche de co-construction, démarche au long cours…), des questionnements sur la démarche (d’où vient la commande ?) et diverses interventions portant pêle mêle sur l’Assistance à Maitrise d’Ouvrage à Noailles, la fabrique des taudis, le projet Euromed, les projets de démolitions à Eugène Pottier, la mixité sociale, le phénomène de spéculation foncière et immobilière, les délogements de population, les «squats » de migrants (…).
Pour cette première partie, les représentant de la ville, de l’Etat ou des bailleurs sociaux n’avaient pas été conviés. Il a d’ailleurs été rappelé que le collège des maitrises d’usage est avant tout une instance citoyenne qui vise à créer collectivement les conditions pour une participation des habitants aux projets d’aménagements et de réhabilitations des immeubles. Si cet espace peut permettre de créer les conditions d’un dialogue avec les institutions, c’est avant tout un lieu de construction d’une parole autonome des habitants et associations.
Pour la seconde partie de la rencontre, trois groupes se sont formés autour des maquettes d’un ilot à Noailles et deux ilots à la Belle de Mai. Chaque groupe avait pour objectif de réaliser un diagnostic partagé sur le logement insalubre, la végétalisation, les équipements, les espaces publics et la mobilité. Les participants pouvait utiliser des petits drapeaux de couleur pour localiser des immeubles insalubres, la présence ou l’absence d’espaces verts, d’équipements etc…Les habitants se sont appuyés sur leurs usages des lieux : connaissances de la localisation des logements insalures, rues végétalisées par les habitants, les espaces vacants où il serait possible d’installer des équipements, etc…
Une restitution a eu lieu permettant de faire ressortir des points précis sur chacun des ilôts. Ces restitutions ont été ponctuées par des interventions des membres d’Un Centre Ville pour Tous et de l’APU de Grenoble pour apporter des connaissances sur opérations d’urbanisme. A noter également la présence de deux professionnels de la ville de Marseille.
Plusieurs points importants sont ressorties de la restitution :
le besoin urgent d’équipements, d’espaces végétaliéss, d’espaces publics et de solutions de mobilité dans les quartiers concernés.
Défendre une réhabilitation des ilôts avec les habitant-es concernées par les opérations de démolitions et de délogement pour éviter qu’ils soient chassés de leurs quartiers.
Ouvrir le champ des possibles pour imaginer la ville voulue par les habitants notamment dans les espaces vacants et les immeubles vides.
Trouver un équilibre du fonctionnement du collège du matirise d’usage entre le soutien aux urgences (relogement, logement insalubre..), les mobilisations (contre les démolitions à Eugène Pottier, démolition de la Tour B de Felix Piat, Noailles…) et la construction d’une vision partagée de la ville qui s’inscrit dans le temps long.
Rappeler la différence entre le périmètre fixé par le PPA et celui du collège de maitrise d’usage qui est plus large (cf échanges autour de Felix Piat, lien entre le PPA et l’ANRU etc…).
S’appuyer sur les études existantes, les travaux d’étudiants, les diagnostics pour partager des connaissances existantes et co-construire à partir des usages des habitants.
En conclusion, il a été décidé d’organiser à l’automne 2022 des ateliers populaires d’urbanisme (APU) dans chaque ilôt concernés par les opérations d’urbanisme pour permettre à un maximum d’habitants de pouvoir donner son avis et formuler des propositions sur la réhabilitation des immeubles et des quartiers.
La ville se donne comme objectif de transformer les biens communs dont elle a la charge en « communs », et ce, en ouvrant leur gouvernance à l’ensemble des parties prenantes.
La ville cherche à être plus ouverte à la coopération avec les citoyen·nes et à prévenir toute forme de privatisation des biens communs.
La ville va proposer différents dispositifs pour permettre aux habitant·es de déterminer les enjeux sur lesquels iels désirent intervenir et coopérer en commun.
Les modalités de gestion de cette gestion commune seront déterminées au cas par cas dans une approche ad hoc.
Principe d’accessibilité et d’accompagnement au pouvoir d’agir
La ville s’engage à informer et à accompagner de façon transparente les habitant·es sur les dispositifs mis en place pour faciliter leur participation.
La ville s’engage à adapter les dispositifs pour que le plus grand nombre puisse y accéder.
Principe de valorisation de l’expertise citoyenne
La ville souhaite valoriser et protéger l’implication des habitant·es.
La ville proposera la signature d’un « pacte de coopération » qui précisera les modalités de coopération et les responsabilités individuelles et collectives.
La ville remettra un certificat attestant la contribution des personnes impliquées.
Principe d’innovation juridique
La ville souhaite créer des outils juridiques pour permettre l’implication de toute personne volontaire.
Principe d’administration coopérative
La ville mettra en oeuvre une gouvernance coopérative et horizontale où élu·es, agent·es et habitant·es écrirons ensemble leur « municipalité en commun ».
La ville diffusera la pratique de « commoning » au sein des services de son administration.
Principe de contribution
La participation citoyenne et les initiatives viendront compléter l’action de l’administration publique sans s’y substituer.
Principe de respect des communs
Par la mise en place de ces différents dispositifs, la ville crée un terrain favorable aux communs.
La ville s’engage à mettre en synergie les initiatives et des communs qui croisent ses compétences municipales.
Nous appelons l’ensemble des partenaires à contribuer au succès de la première caravane pour le droit à l’alimentation qui se déroule à la Villeneuve et dans plusieurs lieux de l’agglomération du 26 Janvier au vendredi 11 Février 2022.
La caravane pour le droit à l’alimentation initiée par l’association Next Planning a pour objectif de contribuer à l’accès à une alimentation locale de qualité à travers trois modalités :
le projet des caddies solidaires pour réinventer les distributions alimentaires et l’accès à une alimentation locale de qualité
la mise à disposition d’un triporteur partagé dédié à la logistique alimentaire de proximité
une remorque « Food Truck Solidaire (FTS)» pour cuisiner, transformer et distribuer des produits locaux lors d’ateliers organisés dans l’espace public (disponible à partir de Juin 2022).
En partant des besoins et compétences des habitants, la caravane pour le Droit à l’alimentation souhaite contribuer à favoriser l’émergence d’activités économiques autour de l’alimentation et renforcer les besoins de formation.
Voici les premières actions confirmées en Janvier et février 2022 :
✅ Lancement de la Caravane pour le Droit à l’alimentation le mercredi 26 Janvier de 17h à 19h au BOCAL 1, 97 Galerie de l’Arlequin 38000 Grenoble
A l’occasion de la permanence hebdomadaire des comités d’habitants de l’Arlequin, nous lancerons officiellement le projet de Caravane pour le Droit à l’Alimentation.
Nnous réaliserons ensemble le calendrier des actions à partir des propositions de chaque association partenaire (communication, action de mobilisation, ateliers cuisines, repas…).
Nous établirons ensemble une liste des lieux où il sera possible de déposer des dons du 26 Janvier au 11 février dans les caddies solidaires (le Barathym, Babel St Bruno, Conseil Citoyen Echirolles, Maison des Habitant.es…).
✅ Distribution pour les caddies solidaires & dégustation le vendredi 11 Février de 16h à 18h, sur la place des Géants (devant le 50 Place des Géants)
Nous invitons l’ensemble des participant.es de la Caravane pour le Droit à l’Alimentation à participer aux distributions et dégustation de produits locaux de qualité le vendredi 11 février de 16h à 18h.
Les partenaires sont invités à venir avec les caddies solidaires, en passant par les lieux de récolte de dons, pour être ensuite distribués.
N’hésitez pas à nous envoyer vos propositions, toutes les initiatives pour cuisiner, partager des recettes et déguster des produits locaux sont les bienvenues !
CONTACT : planning(a)zaclys.net + liste pour renforcer les coopérations autour des projets liés à l’alimentation à la Villeneuve de Grenoble et au delà. https://framalistes.org/sympa/subscribe/alimenta_vill9
S’abonner ➙ https://framalistes.org/sympa/subscribe/alimenta_vill9 Se désabonner ➙ https://framalistes.org/sympa/sigrequest/alimenta_vill9
Avec la participation financière du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation dans le cadre du plan France Relance,