Nous avons accueilli la fédération sénégalaise des habitants et Urbasen à la Villeneuve de Grenoble. UrbaSEN et la Fédération Sénégalaise des Habitant·es sont lauréats d’or des World Habitat Awards.
Depuis plusieurs années, l’association urbaSEN poursuit l’idée qu’au coeur de l’urbanisme réside l’humain. Cette association sénégalaise réunit des professionnels autour de problématiques urbaines propres aux quartiers précaires. Elle est née de la réalisation d’un programme de planification urbaine participative lancé en 2009 dans la banlieue de Dakar, appelé urbaDTK en référence à la commune de Djiddah Thiaroye Kao touchée par les inondations récurentes depuis 2005.
UrbaSEN est le fruit de cette expertise locale combinée à une réflexion des habitants de la banlieue concernant la redéfinition de ce que pourrait et devrait être la ville. Jusqu’alors, la construction de la ville avait toujours été l’affaire de l’Etat et de la Municipalité ou du secteur privé. Or, un maillon essentiel dans cette chaîne de production manquait : la population.
Afin de faire entendre la voix des habitants vulnérables des quartiers informels de la banlieue, l’association urbaSEN a contribué à fonder la Fédération Sénégalaise des Habitants (FSH). Ces deux entités, représentées respectivement par un bureau technique (urbaSEN) et une organisation communautaire (FSH), accompagnent les habitants dans la définition et la mise en œuvre de projets de développement urbain, les plaçant ainsi au centre des décisions d’aménagement.
En ce sens, ces deux structures oeuvrent ensemble pour lutter contre les inégalités sociales et la fragmentation urbaine afin de favoriser l’émergence d’une ville inclusive. Elles travaillent sans relâche, main dans la main, à l’amélioration du cadre de vie des populations vulnérables des villes du Sénégal en leurs permettant notamment d’accéder à un logement digne et durable.
Next Planning a contribué à la mobilisation internationale pour le Droit à la ville des Femmes, en participant à la campagne lancée par la plateforme globale pour le Droit à la Ville autour du 8 mars 2023.
Comment peut-on réaliser le Droit des Femmes à la Ville?
1. Une VILLE qui adopte toutes les mesures nécessaires -normatives, urbaines, économiques et sociales- contre la discrimination sous toutes ses formes, à l’égard des femmes et des filles, garantissant leur plein épanouissement personnel, leur égalité dans le l’exercice et la réalisation de leurs droits à la citoyenneté, en particulier ceux des femmes vivant dans la pauvreté ou en situation de vulnérabilité, des personnes d’ascendance africaine, des indigènes, des femmes déplacées, migrantes, métisses, LGBTIQA et souffrant de handicaps, entre autres.
2. Une VILLE qui garantisse la parité dans la participation politique complète et effective des femmes et l’égalité des opportunités en matière de leadership à tous les niveaux de la prise de décision dans la vie politique, sociale, culturelle, économique et publique, en affermissant leurs voix et en générant des espaces et des ressources pour les programmes consacrés aux femmes.
3. Une VILLE exempte de violence -physique, psychologique, verbale, matérielle ou symbolique- contre les femmes dans la sphère publique ainsi que privée, qui garantisse la sécurité d’utilisation et de jouissance des espaces publics et des biens communs et assure la liberté de circulation. Une VILLE où la peur ne soit pas une limite à leurs libertés. Une VILLE qui garantisse le droit des femmes de prendre les décisions relatives à leur propre corps.
4. Une VILLE qui assure la protection des femmes, y compris des réfugié-e-s, en période de guerre et de conflit. A une époque à laquelle les conflits armés et les déplacements forcés constituent des phénomènes de plus en plus urbains, il faut se pencher tout particulièrement sur les menaces qui pèsent sur les femmes, ainsi que sur leurs vulnérabilités et sur leurs besoins spécifiques. La responsabilité d’attaquer à la racine les causes de ces conflits qui affectent si gravement les communautés vulnérables, y compris les femmes, incombe à la communauté internationale.
5. Une VILLE qui garantisse la réalisation du logement adéquat, de la sécurité de tenure des femmes, des droits de succession, de l’accès à l’eau potable, de l’assainissement et de l’hygiène, en particulier pour les femmes seules assumant la responsabilité de leur foyer et de leur famille.
6. Une VILLE qui reconnaisse, valorise et redistribue le travail de prise en charge des personnes dépendantes et de soin communautaire, principalement assumé par les femmes. La prise en charge devrait être une responsabilité publique et sociale, au-delà de l’individuel, qui devrait être assumée par toute les personnes et devrait être incluse et budgétisée dans les politiques publiques.
7. Une VILLE qui garantisse aux femmes un accès équitable et abordable aux biens, services publics et aux opportunités offertes par les villes, qui incorporent les besoins des femmes, en accordant une attention particulière aux soins dirigés à l’enfance, aux personnes âgées et aux
personnes souffrant de handicap à charge, tels que: les services de prise en charge de l’enfance, la nourriture et la nutrition, les services de santé, les transports publics de qualité répondant aux besoins de mobilité des femmes, l’éclairage public décent, les installations sanitaires fonctionnelles, les lieux et infrastructures de travail décent-e-s pour les travailleuses informelles qui sont majoritaires, ainsi que des opportunités culturelles pour les femmes, en particulier les jeunes.
8. Une VILLE qui promeuve l’autonomie économique des femmes, garantissant l’égalité de l’emploi, la dignité et l’égalité de rémunération pour tous et toutes en conditions égales, la reconnaissance du travail informel des femmes, source déterminante de revenu dans les villes. Une VILLE qui modifie les relations de pouvoir entre hommes et femmes, familles, marché et État, transformant la ville en fonction des besoins individuels et collectifs des femmes.
9. Une VILLE où les femmes aient une voix active et décisive dans le processus de planification, conception, production, utilisation et occupation de l’espace urbain. Où le processus de planification urbaine place au centre des programmes les besoins, les usages et les désirs de la diversité des personnes, sans omettre les femmes et les autres identités.
10. Une VILLE qui prenne en compte la diversité des femmes, en fonction des différences d’âge, de capacités physiques, d’origine, de nationalité, d’appartenance ethnique, de religion, de race, de situation économique, d’orientation sexuelle, religieuse ou politique. Une VILLE qui garantisse, respecte les liens et les identités communautaires, favorisant les relations sociales et l’échange culturel, sans discrimination envers les femmes en raison de leurs coutumes, traditions ou pratiques sociales.
11. Une VILLE qui promeuve l’égalité de genre pour accéder au crédit et aux marchés et défende l’environnement et la vie. Une VILLE qui élimine les inégalités sociales, économiques et de genre entre le rural et l’urbain, qui valorise les formes de production agricole paysanne et l’agriculture urbaine, noyaux de la vie urbaine. Une ville qui reconnaisse le lien décisif entre le rural et l’urbain.
Participer à la campagne de solidarité en réalisant un don au Fonds de dotation UITC-Terre Citoyenne https://www.helloasso.com/associations/fonds-de-dotation-uitc-terre-citoyenne/formulaires/4
Deux soirées de solidarité sont organisées à Grenoble :
VENDREDI 24 FÉVRIER 2023 À 18:00, 15 Rue des Arts et Métiers, 38000 Grenoble, France organisé par Cuisines Sans Frontière.
Chef Ali et Cuisine Sans Frontières prépareront une assiette syrienne à 15€. Soirée en musique. Toute la recette de la soirée sera reversée pour venir en aide aux victimes du séisme.
VENDREDI 3 MARS DE 17h à 18h30 à l’Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine (IUGA) Rue Marie Reynoard à Grenoble.
Discussion sur les catastrophes naturelles et gestion des risques : Etat, municipalités, société civile et population. Appel à contribuer aux initiatives de solidarité menées en Turquie/Syrie.
Soutenir la résilience des populations face aux catastrophes naturelles
Depuis le 6 février 2023, les tremblements de terre survenus à proximité de la frontière entre la Syrie et la Turquie ont causé des dizaines de milliers de morts, de nombreux blessés et des destructions considérables.
Face aux conséquences des catastrophes naturelles, l’Université Internationale Terre Citoyenne (UITC) a décidé de mobiliser son fonds de dotation pour apporter un soutien à des initiatives de solidarité et résilience menés par des partenaires de la région en Turquie et Syrie.
Nous lançons un appel à tous nos membres et partenaires à participer à cette campagne de don. Les sommes récoltées seront reversées intégralement à nos partenaires en Turquie et Syrie pour mener des initiatives concrètes de solidarité et de résilience.
Un collectif de solidarité est actuellement sur place dans la région Adıyaman (Semsûr en kurde) pour évaluer les besoins et envisager des initiatives. Cette campagne de solidarité vise à contribuer à des actions de résilience qui s’inscrivent dans la durée.
Parmi les premières idées d’action qui ont été identifiés : répondre aux besoins de logement des habitants, mener des initiatives en faveur de la transformation démocratique des conflits, soutien aux initiatives culturelles locales et soutien aux agriculteurs pour relancer la production locale.
Vous pouvez également rejoindre notre groupe de travail dédié à la mise en œuvre des projets de solidarité avec la Turquie et la Syrie. Nous vous tiendrons également informés du suivi de cette campagne de solidarité pour présenter les résultats et diffuser des connaissances utiles à la résilience et aux changements face aux crises.
Pour faire un don : https://www.helloasso.com/associations/fonds-de-dotation-uitc-terre-citoyenne/formulaires/4
Nous vous invitons à la préparation de l’Université des Conflits qui se déroulera pendant les Dialogues en humanité des 7, 8 et 9 juillet 2023 à Lyon sur le thème général « Comment transformer les conflits pour éviter les violences et les guerres?».
La question des conflits est une très vieille histoire liée avec celle de l’humanité. Comment faire pour maintenir toutes les formes de communauté vivante et non en situation de violence et de guerre ? Ceci a toujours été valable aussi bien pour les cellules familiales, les communautés, les entreprises, les nations, les régions du monde ou la communauté mondiale.
En ce début de l’année 2023, il nous apparaît particulièrement important de repenser la question des conflits. La décennie des années 2010 a été marquée par des conflits sociaux importants dans de nombreuses sociétés mais aussi par des tensions, des violences et des guerres comme celles de la Syrie, de la Lybie, du Mali et de l’Ukraine.
Si les conflits entre Etats n’ont malheureusement pas disparu, les dynamiques conflictuelles paraissent de plus en plus complexes, avec une tendance à l’accélération et à la circulation rapide des idées et émotions produisant de nouveaux conflits au sein et à l’extérieur des sociétés.
Les sociétés semblent traversées par de nouveaux conflits qui conjuguent des questions sociales, politiques, économiques, écologiques, culturelles, de genre et informationnelles. Pour les individus et les communautés, les conflits sont nombreux et intersectionnels, combinant par exemple des dynamiques liées aux classes sociales, aux origines, aux genres et aux territoires .
Ceci nous oblige à voir les situations avec des grilles d’analyse renouvelées et variées mais aussi à apprendre et à échanger avec ceux qui ont fait des bouts de chemin pour agir dans des situations conflictuelles et de violence.
La capacité des groupes et des individus à comprendre les dynamiques à l’œuvre est d’une importance capitale pour envisager des issues porteuses de résilience et de changement. Dès lors, il nous semble urgent d’appréhender ces conflictualités avec une vision renouvelée des dynamiques qui sont à l’œuvre et d’envisager quelles seraient les savoirs, compétences et méthodes de transformation sociale qui permettraient aux individus et aux communautés de contribuer à une émancipation collective.
Avec l’Université des Conflits, nous proposons :
– de permettre à un public très large de découvrir, de connaître et de vivre des pratiques de démarches, de méthodes pour faire face aux conflits. En ce sens nous invitons des démarches variées à participer à ces journées et aussi à leur préparation.: CNV, ATCC, Thérapie Sociale, Processwork/démocratie Profonde, Communautéy Organizing, Cercles restauratifs, Cercles de dialogue, Médiation..
– d’ouvrir un espace d’échanges pour renouveler nos savoirs et méthodes à partir des nouvelles formes de conflictualité. Il s’agit aussi bien de prendre en compte la diversité des conflits interpersonnels, au sein des groupes, à commencer par nos propres organisations qu’au sein et entre les sociétés.
– de donner l’occasion de faire émerger et avancer des initiatives, des projets, des propositions de toutes nature dont politique pour mieux travailler et transformer à tous les niveaux les conflits afin d’éviter les violences et les guerres.
Pour préparer l’ « Université des conflits », nous vous proposons dés maintenant trois grands rendez vous en visioconférence
le vendredi 24 février 2023 de 17H à 19H
le mercredi 22 mars 2023 de 17H à 19H
le mardi 3 mai 2023 de 17H à 19H
L’objectif de ces rencontres de préparation sera de mieux se connaître, partager nos visions et méthodes de transformation des conflits et construire le programme pour contribuer aux Dialogues en Humanité 2023 selon quatre modalités :
· Des « Ateliers du sensible », pour donner l’occasion de pratiquer, de se former en s’ouvrant à différents canaux de perception et expression (les émotions, le corps, le mouvement ….)
· Les « Agoras » qui doivent permettre des dialogues autour de plusieurs thématiques
· Les moments de « Convergence » qui donnent la possibilité à différentes personnes, organisations, mouvements de pouvoir échanger et converger autour de certaines idées, initiatives, projets…
· Des moments d’ « Expression culturelle ».
Nous comptons sur vous pour diffuser cet appel et informer d’autres collectifs susceptibles de participer de cette belle aventure, initiative et à ces réunions de préparation .
Plus d’infos: contact(at)uitc.earth
Dialogues en Humanité : https://dialoguesenhumanite.org
Le Partenariat Français pour la Ville et les territoire a lancé la mobilisation francophone pour le prochain Forum Urbain Mondial organisé par ONU Habitat qui aura lieu au Caire à l’automne 2024.
Avec ses partenaires, Next Planning s’associe à cette mobilisation des acteurs et réseaux de la société civile. Si vous êtes intéressés pour rejoindre la mobilisation n’hésitez pas à nous contacter : planning(a)zaclys.net.
Article écrit par Ezgi Bakçay (collectif Karşı Sanat) et İmge Haliloğlu pour la revue Bir+Bir. 1+1 Express est un réseau d’actualités, revue et commentaires de l’association Culture et Art Bir+Bir, fondée en 2017 par le collectif 1+1, opérant depuis 1994. Le magazine 1+1 Express est publié trimestriellement en version papier et disponible en librairie. Vous pouvez lire la version turque de cet article ici. L’article a aussi été publié sur le site de Commonspolis.
Dans une période où le temps et l’espace social deviennent de plus en plus claustrophobiques, la société civile est étouffée, nous avons décidé de prendre l’air de la montagne pour regarder vers d’autres horizons. On s’est croisé avec des vieux amis des mouvements sociaux urbains qui continuent à chercher, tracer, marcher sur « les lignes d’erre en commun” pour déclencher notre imagination collective. On s’est retrouvé dans le climat inspirant des associations et des lieux indépendants dans la région de Grenoble. Depuis le cœur des Alpes, nous sommes immergées dans les idées et les pratiques par le biais d’un réseau couvrant l’ensemble du territoire français et au-delà.
A l’occasion de notre visite à l’Assemblée des Communs et des Possibles à Grenoble en France, nous avons interviewé David Gabriel Bodinier qui est un artiste-activiste impliqué depuis de nombreuses années avec des mouvements sociaux urbains qui agissent dans les quartiers populaires. Nous avons parlé des trajectoires de “commoning” dans un contexte historique, des communs, du droit à la ville et du municipalisme. Nous avons parlé ensemble du passé, de ce qui se passe aujourd’hui et de quelques idées pour le futur.
Tu es actif depuis plusieurs années dans le quartier emblématique de la Villeneuve qui fête ses 50 ans cette année et dans l’Assemblée des Communs de Grenoble.Peux-tu nous parler un peu de l’histoire de ta ville et du quartier de la Villeneuve ?
Grenoble est une ville secondaire située à une centaine de kilomètres au sud de Lyon, au cœur des Alpes françaises. On dit souvent que c’est la capitale des Alpes, car elle est vraiment située au cœur des montagnes et à la confluence de deux rivières. Il s’agit d’une petite ville mais qui a une histoire spécifique pour les mouvements sociaux. On dit parfois que la révolution française a commencé à Grenoble avec la journée des Tuiles le 7 Juin 1788 ! Tout au long du XIXème siècle, la ville a été marquée par l’industrialisation aboutissant à la création de plusieurs quartiers ouvriers, en particulier St Bruno où il subsiste encore aujourd’hui une culture d’organisation politique. Pendant la seconde guerre mondiale, Grenoble a été un lieu important pour les mouvements de résistance qui ont pris les maquis dans les montagnes entourant la ville, en particulier dans le Vercors. A partir du milieu du XXème siècle, la ville est devenue un grand centre universitaire avec de nombreuses institutions de recherche. Toute cette histoire a créé une ambiance spécifique pour une ville de cette taille.
Depuis les années 60, Grenoble est devenue laboratoire politique pour la nouvelle gauche. Les groupes d’action municipale (GAM) ont remporté les élections en 1965 avec l’idée d’une réappropriation des institutions municipales par les citoyens. Ils voulaient que les habitants participent à la gestion de la ville face au pouvoir de l’Etat. Cette stratégie politique a permis de transmettre la tradition du municipalisme où les mouvements sociaux cherchent à contester le pouvoir de l’Etat à partir du pouvoir des villes. Les groupes d’action municipale cherchaient d’abord à transformer le quotidien des habitants à travers de nouvelles politiques urbaines. Ils se sont notamment inspirés des théories d’Henri Lefebvre pour créer un vaste projet urbain situé au sud de Grenoble qui s’appelle la Villeneuve.
La Villeneuve est le résultat de la rencontre entre les groupes d’action municipale (GAM) et une coopérative d’architecture et d’urbanisme (AUA) et des citoyens. Ensemble, ils ont essayé de réaliser une utopie à une grande échelle : plusieurs milliers de logements sociaux, des copropriétés, des nombreuses écoles autour d’un projet d’éducation alternative, des centres de santés communautaires, des centres culturels, un parc de 14 hectares, une télévision de quartier, une école d’architecture… La Villeneuve est devenue un lieu emblématique qui a beaucoup marqué l’histoire urbaine en France et les mouvements sociaux urbains.
Tu es le fondateur d’une association Next Planning créée à la Villeneuve de Grenoble. Dans quel contexte a été créée l’association ? Quel est votre lien à l’histoire de la Villeneuve ?
Next Planning a été créée dans le contexte d’un vaste mouvement d’organisation dans les quartiers populaires de Grenoble qui a débuté en 2010. Avec plusieurs activistes, nous avons commencé à discuter de la nécessité de créer de nouvelles organisations dans les quartiers populaires à la suite des révoltes urbaines entre 2005 et 2010. Nous nous sommes inspirés des méthodes d’un sociologue américain Saul Alinsky à l’origine de la tradition du community organizing à Chicago pour créer une vaste organisation qui s’appelle l’Alliance Citoyenne avec plusieurs centaines d’habitants.
Nous avons créé Next Planning à la suite de ce mouvement avec l’idée de construire un outil pour la transformation des politiques urbaines et municipales. Notre objectif est de soutenir les capacités des habitants à intervenir dans les processus de planification urbaine. Comme à l’époque des groupes d’action municipale (GAM), nous voulons une réappropriation de la ville par les citoyens et réussir à modifier les plans en se basant sur les propositions des habitants et des mouvements sociaux.
A partir de 2012, nous avons rencontré un groupe d’habitants qui luttait contre un projet de rénovation urbaine qui imposait la démolition de plusieurs immeubles de la Villeneuve. Ce groupe était réuni autour d’un ancien instituteur André Béranger qui avait participé au projet pédagogique de la Villeneuve dès les premières années. C’est à ce moment-là que nous avons découvert l’histoire de la Villeneuve qui avait été un peu oubliée. Nous avons alors commencé à travailler sur la mémoire de ce quartier pour envisager comment il était possible de lutter contre les démolitions du quartier. Nous avons créé un Atelier Populaire d’Urbanisme (APU) rassemblant des habitants, des associations, des architectes, des chercheurs (…) pour élaborer un projet alternatif à la démolition de la Villeneuve. Nos propositions ont été reprises lors des élections municipales de 2014 contribuant à l’élection d’Eric Piolle autour d’un nouveau rassemblement des citoyens de la gauche et des écologistes.
C’est à partir de ces années-là que l’on commence à parler du “nouveau municipalisme” avec des expériences qui émergent dans plusieurs villes dans le monde, en particulier suite au mouvement d’occupation des places. Quel est le lien avec le mouvement des places et les expériences municipalistes qui ont émergé, par exemple, en Catalogne et en Espagne ?
Nous avons été très marqués par le mouvement d’occupation des places des indignés en Espagne, la place Tahrir et les révolutions arabes, le mouvement occupy aux Etats-Unis et de l’occupation du parc Gezi à Taksim. Selon notre perspective, ces mouvements s’inscrivaient dans le prolongement du mouvement altermondialiste et des forums sociaux. En France, il a fallu attendre le printemps 2016 pour voir l’émergence du mouvement Nuit Debout. A Grenoble, nous avons occupé pendant deux mois le parvis de la Maison de la Culture (MC2) qui est un espace public entre le centre ville et les quartiers populaires, dont la Villeneuve.
Pendant les deux mois de l’occupation, nous avons eu beaucoup de temps pour discuter de nos stratégies politiques. Lors des assemblées, dans les commissions ou pendant la nuit sous les tentes, nous discutions de l’importance de continuer à soutenir les luttes pour le logement, l’auto-organisation dans les quartiers populaires, la défense des communs mais aussi des stratégies de réappropriation des institutions municipales. C’est à la suite de cette occupation que nous avons créé l’Assemblée des Communs de Grenoble.
En 2017, nous avons eu l’opportunité de participer au premier sommet municipaliste Fearless Cities à Barcelone à l’initiative de la plateforme « Barcelona en Comú« .Dans une époque marquée par le retour des autoritarismes, ce rassemblement des « villes sans peur » visait à transformer la façon de faire de la politique en partant du bas. Le mouvement s’inscrivait dans la perspective d’un « nouveau municipalisme » en s’inspirant du philosophe et écologiste Murray Bookchin.. Nous avons commencé à échanger sur nos expériences respectives et à discuter en profondeur les stratégies de réappropriation des institutions municipales. Un certain nombre de participants ont poursuivi les échanges lors de l’assemblée européenne des communs à Madrid qui a été organisée plusieurs mois plus tard. Toutes ces rencontres ont contribué à bâtir une alliance entre les mouvements d’habitants du droit à la Ville, les mouvements communs et le municipalisme à l’échelle européenne. Nos échanges transnationaux ont permis d’inscrire les stratégies municipalistes dans le temps long car la réappropriation des institutions municipales face au pouvoir de l’Etat est un phénomène qui s’est répété à travers l’histoire dans de nombreux pays.
En Turquie, l’opposition sociale,qui est devenue beaucoup plus fragile dans la période antidémocratique vécue après l’occupation du parc Gezi, discute des perspectives ouvertes par les élections municipales de Istanbul 2019 qui pourraient aller plus loin avec la possibilité d’un changement politique en 2023. C’est pourquoi les échanges avec les expériences menées en Espagne, en France, en Italie ou ailleurs sont importants à la veille de l’élection présidentielle. Tu as cité les Assemblées des Communs, où nous étions invités. Peux-tu nous en dire plus ? Comment ces assemblées s’organisent et quelles sont les méthodes ?
Les Assemblées des Communs rassemblent des personnes et organisations impliquées dans les communs pour échanger sur nos pratiques et défendre un agenda politique. C’est un outil politique qui essaye de créer de nouvelles pratiques politiques dans les territoires. Au début, nous avons commencé à discuter de nos pratiques d’occupation des places, des espaces alternatifs et des quartiers comme par exemple, le soutien aux habitants de la Villeneuve face à la démolition de leur quartier. Puis, nous avons élargi la discussion à la défense des communs naturels – des rivières, les forêts, les montagnes, les champs (…) et des communs immatériels – nos pratiques culturelles, numériques, connaissances, mémoires…
Les assemblées visent à renforcer nos pratiques de « commoning » en s’organisant de façon horizontale dans les territoires. Nous essayons d’avoir des formes d’organisation qui permettent de gérer nos ressources de manière démocratique, y compris en essayant de remettre en cause les rapports de pouvoir et domination qu’il peut y avoir au sein de nos communautés. Nous voulons être attentifs à ce que chacun puisse participer aux assemblées des communs et apprendre des différentes pratiques d’auto-organisation. Par exemple, lors de la dernière assemblée, nous avons beaucoup appris des pratiques des tables de quartier, qui sont des formes d’organisation des habitants dans les quartiers populaires.
L’une des spécificités de l’assemblée des communs de Grenoble, c’est que la municipalité de Grenoble participe à l’assemblée. Cela suscite beaucoup de débat mais nous trouvons cette situation intéressante. Dans l’assemblée, la municipalité a une voix comme une autre organisation politique. Ni plus, ni moins. Donc, il faut être clair : ce n’est pas la ville de Grenoble qui dirige l’assemblée des communs et les mouvements gardent leur autonomie. Pour les personnes qui travaillent pour la municipalité ce n’est pas toujours facile ! Nous essayons de changer la position des institutions municipales vis-à-vis des mouvements sociaux, tout cela dans un cadre ouvert et convivial. Dans nos assemblées, on discute, on mange ensemble et on fait la fête (rire) !
C’était une réunion qui n’était pas encadrée d’avance mais qui était organisée in-situ à partir de la présence et les exigences des participants. On a remarqué qu’avec les fréquentations successives des années, l’assemblée a créé une communauté. Les participants sont déjà en train de travailler ensemble sur leurs problèmes locaux. Qui était les participants de la dernière assemblée des communs et des possibles et quels étaient les thèmes de discussion?
L’assemblée forme une constellation de groupes très différents avec des activistes, des associations, des artistes, des chercheurs (…) par exemple des représentants d’un espace alternatif qui s’appelle “Le Lieu” qui est dédié aux personnes sans logement pour qu’ils puissent avoir un lieu dans la ville pour se poser, discuter, s’organiser pour défendre leurs droits… D’autres participants sont impliqués dans les tables de quartier qui sont des groupes auto-organisés d’habitants dans les quartiers populaires. Il y a également des associations qui défendent la rivière, des personnes impliquées dans les communs fonciers qui participent à la gestion des ressources naturelles, des chercheurs, des juristes qui s’intéressent aux communs et des artistes pour s’ouvrir à de nouvelles sensibilités et à de nouveaux imaginaires à travers les communs.
Durant l’assemblée des communs et des possibles, nous avons discuté autour de l’idée de l’anthropocène, même si ce n’est pas évident de construire un langage commun entre toutes significations scientifiques, politiques et artistiques liées à la lutte contre le changement climatique. Nous essayons de créer de nouvelles convergences entre les communs urbains et des communs dans les espaces naturels. A Grenoble, nous avons beaucoup de montagnes et des espaces fonciers qui sont des communs, par exemple les “sections de commune” qui ne sont pas gérés par l’Etat ou des propriétaires privés mais qui sont gérés en commun.
Nous avons également discuté des communs dans un contexte transnational, comme les liens que nous pouvons établir avec les artistes et les activistes en Italie, en Espagne, en Turquie…l y a toujours eu de nombreux échanges translocaux dans l’histoire mais aujourd’hui l’échelle et la vitesse des circulations sont de plus en plus importantes avec de multiples influences réciproques.
Notre génération est en train d’expérimenter de nouvelles radicalités politiques et démocratiques. Les mouvements sont devenus très exigeants dans la façon de s’organiser au niveau infrapolitique. Il y a une profonde influence des mouvements féministes qui ont remis en cause des statuts de pouvoir, des façons de parler, des attitudes. Il y a également de nouvelles connaissances et de nouvelles pratiques qui se développent avec plus de sensibilité et d’ouverture, y compris aux non-humains. Nous ressentons plus grande prise en compte des plantes, des animaux, des plantes, du climat. Nous avons par exemple beaucoup parlé lors de la dernière assemblée des rivières dans notre région. Comment peuvent-elles se défendre ? La rivière peut-elle parler ? Les écrivains et les artistes ont beaucoup à nous apprendre car un certain nombre d’entre eux peuvent retranscrire ce qu’exprime la rivière.
La Villeneuve.
Pour pouvoir concrétiser vos pratiques, pendant la pandémie qu’elles ont été les solidarités qui ont été créées par les mouvements et associations ?
Notre première stratégie est de renforcer nos bases sociales. En France, après les révoltes des quartiers populaires, nous avons commencé à soutenir des processus d’organisation des habitants dans les quartiers populaires. Nous avons commencé par créer des relations avec des personnes qui n’étaient pas du tout activistes et qui essayaient juste de se défendre face à des problèmes quotidiens, du logement, des problèmes économiques, les difficultés éducatives…
Ces pratiques se sont renforcées pendant la pandémie où il y a eu beaucoup d’actions d’entraide et de solidarité autour d’actions très concrètes sur l’alimentation, la défense des conditions de logement, le soutien aux personnes âgées ou aux enfants. Nous avons essayé de reconstruire nos pratiques politiques à partir de dimensions très concrètes de la vie quotidienne pour ne pas rester au niveau des grandes théories conceptuelles du rapport à l’Etat, aux multinationales et au capitalisme, même si elles sont aussi importantes.
Pour concrétiser, nous essayons de créer des organisations avec l’ensemble des couches de la société pour être au plus près de la société et éviter de constituer des petits groupes isolés. Nous avons besoin d’être nombreux pour faire face aux autres forces qui traversent la société, en particulier l’extrême droite. Depuis plusieurs années, les pays européens sont traversés par des mouvements d’extrême droite et nous avons un défi très important d’éviter leur prise de pouvoir. L’extrême droite est récemment arrivé au pouvoir en Italie et cette situation peut arriver partout.
Ensuite notre stratégie est de prendre les institutions municipales pour contester le pouvoir de l’Etat.
Nous arrivons à un point crucial de notre interview. Comment vous arrivez à travailler avec les municipalités ? Ici, c’est une grande question car nous devons rendre la communication plus efficace et les processus plus participatifs. Quelle est ton expérience?
Les relations avec les municipalités sont toujours difficiles car ce sont des institutions qui héritent d’un fonctionnement hiérarchique qui est souvent assez éloigné des pratiques des mouvements sociaux. Les municipalités ont un fonctionnement centralisé autour de la figure du maire, avec un petit monde qui gravite autour de nombreux services municipaux, des techniciens, divers intérêts… C’est justement ce fonctionnement que nous essayons de transformer avec le nouveau municipalisme. En Espagne, la plateforme « Barcelona en Commun » a commencé à développer une nouvelle culture politique au sein des municipalité en associant les associations, les citoyens, les mouvements sociaux à la définition des nouvelles politiques municipales. Notre défi est de réussir à transformer les municipalités à partir des pratiques que nous avons développées lors des occupations des places avec les assemblées démocratiques. Après le mouvement d’occupation des places, il y a un mouvement d’occupation des municipalités pour pouvoir les transformer.
Je peux essayer d’illustrer mon propos par une image. A Grenoble, le maire Eric Piolle était présent lors du mouvement d’occupation de l’espace public devant la Maison de la Culture. Il a participé à une assemblée comme tous les autres citoyens. Il était venu écouter ce qu’avaient à dire les habitant-es qui étaient réunis en assemblée, y compris les critiques des politiques qu’il peut mener. Nous voulons nous réapproprier les institutions municipales tout en gardant notre liberté de parole, nos façons de faire, notre autonomie politique et nos principes d’auto-organisation pour décider du futur de la ville.
Nous avons beaucoup parlé de ce qui se passe à Grenoble mais il y a des mouvements similaires à Marseille, Lyon et dans d’autres villes françaises. Tu peux nous parler des liens avec les communautés dans les différentes villes?
Nous avons tissé un réseau entre les différents mouvements d’habitants qui agissent pour les communs, le droit à la ville et le municipalisme. Par exemple à Marseille, il existe un mouvement très important d’organisation des habitants. Suite à l’effondrement de plusieurs immeubles dans le quartier de Noailles, les habitants se sont rassemblés et ont organisé des manifestations pour défendre le droit à la ville. Lors des dernières élections municipales, ce mouvement a fini par produire des changements politiques. Les habitants ont commencé à se réapproprier les institutions municipales. A Lyon, à Poitiers, à Strasbourg et dans de nombreuses petites villes, il y a eu également des changements du pouvoir à l’échelle municipale. A chaque fois, il y a une certaine spécificité car les mouvements d’habitants sont très liés au contexte et à la mémoire de chaque ville. C’est pourquoi nous pensons qu’il est très important de transmettre les histoires passées car elles ont un impact dans le présent. Le réseau municipaliste français est assez important, même s’il n’est pas forcément connu à l’étranger où l’on a tendance à s’intéresser uniquement à la politique nationale autour de la domination politique d’Emmanuel Macron. Il est intéressant de constater qu’il y a également des mouvements similaires dans d’autres pays européens en Espagne, en Italie, dans les Balkans et dans plusieurs continents. Et nous espérons que les changements municipaux qui ont eu lieu en Turquie, en particulier à Istanbul, sont annonciateurs de changement à l’échelle de l’Etat ! On vous soutient fort !
En parlant de mémoire, je me rappelle que pendant l’Assemblée, l’un des points les plus importants a été de parler du passé comme un commun. Tu nous avais parlé de l’histoire de André Béranger à la Villeneuve, de son adieu et de la communauté.
Cette histoire a été racontée lors de la dernière assemblée des communs et des possibles, j’ai eu la chance de rencontrer André Béranger quand il a commencé à se mobiliser face à la destruction de la Villeneuve. Il était très attaché à ce quartier où il s’était impliqué dans le projet pédagogique des écoles de la Villeneuve dans les années 70. Face au projet de démolition, nous avons fait du porte à porte pour alerter les voisins, organiser des réunions publiques, installer des banderoles dans le quartier… Quand j’allais chez lui, il m’expliquait longuement le projet politique de la Villeneuve et des groupes d’action municipale. Malheureusement, suite à une maladie pendant la crise du COVID19, sa famille nous a envoyé un message nous disant qu’il allait très mal et en nous invitant à se rassembler en bas de chez lui. Malgré le confinement et le couvre feu, nous nous sommes retrouvés à plus de 200 personnes avec une batukada, une chorale, des bougies pour lui rendre hommage… André est alors venu nous saluer une dernière fois depuis sa fenêtre. Il est décédé le lendemain. C’était un moment très fort où nous avons formé une communauté. Tout au long de sa vie, André Béranger s’est impliqué pour vivre ensemble dans un quartier, et faire face aux aléas de la vie. La veille de sa mort, la communauté était réunie autour de lui. Pour moi, ce moment a de profondes significations sur ce que veut dire “faire communauté”, surtout après la crise du COVID19. Nous continuons d’agir aussi grâce aux personnes qui ne sont plus là. D’une certaine manière, elles sont encore présentes à travers nous et elles nous invitent à continuer d’y croire, à ne pas se décourager. Cette conversation sur le lien entre la communauté des présents et des absents a été l’un des moments les plus forts de l’assemblée des communs.
Juste pour terminer, dans le titre nous avons parlé des lignes d’erre. Qu’est ce que ça veut dire ligne d’erre pour toi?
C’est une expression de Fernand Deligny. C’était un éducateur, écrivain, réalisateur qui travaillait avec la jeunesse délinquante, notamment des centres éducatifs fermés où il imaginait des projets d’évasion, et il a terminé sa vie en travaillant avec des enfants autistes dans les montagnes des Cévennes en France. Il avait organisé plusieurs villages où les enfants vivaient en communauté. Les enfants avaient la liberté d’aller là où ils avaient envie pour réaliser leurs activités quotidiennes. A la fin de la journée, les adultes traçaient les lignes de leur trajet sur des grandes feuilles. Pour moi, les lignes d’erre sont des lignes de liberté permettant d’aller au-delà des contraintes de la société pour explorer de nouveaux horizons. L’errance c’est un façon de se perdre, de s’égarer, en dehors des sentiers battus, des chemins qui ont été tracés par les pouvoirs qui cherchent à nous contraindre, y compris par les pouvoirs technologiques. Il s’agit de trouver des chemins de traverse pour vivre autrement, avec les personnes que nous avons envie de vivre. L’assemblée des communs et des possibles s’inscrit dans cette recherche. Nous avons organisé la dernière assemblée dans la montagne pour explorer de nouveaux lieux, là où nous n’avons pas forcément l’habitude d’aller. Dans ces endroits, nous pouvons créer de nouveaux espaces de liberté. Ces lignes d’errance vont pouvoir nous emmener partout dans le monde et, je l’espère, en Turquie !
Pendant l’assemblée des communs et des possibles de Grenoble le 10-13 Novembre 2022, nous avons décidé d’organiser des workshops sur les communs à Marseille, à Naples, à Istanbul enfin à Mardin. On va essayer de passer ces lignes d’errance sur la Turquie aussi avec différents acteurs, d’autres participants, élargir la carte de communauté vers les nouveaux contextes sociaux. Merci de partager avec nous ces expériences.
Note de la revue
Chers ami-e-s, les 28 années d’archives de nos revues Express, Rolls et Bir+Bir sont enfin disponibles en format numérique. L’hebdomadaire Express a commencé sa publication en janvier 1994 avec le slogan « un monde sans classe et sans exploitation » en étant toujours indépendant des pouvoirs économiques, partis politiques ou organisations non gouvernementales. Il s’est poursuivi jusqu’à la fin de 2022 avec des périodes hebdomadaires, bi-mensuelles, mensuelles et trimestrielles, en tant que publication gérée sans patron, sans hiérarchie, et protégeant pleinement son indépendance éditoriale. Les revues Roll et Meşin Yuvarlak ont rejoint la caravane en 1996 et Bir+Bir en 2010. Plus de 500 exemplaires du magazine sont en cours de transfert vers le site birartibir.org. L’accès à tous les numéros est ouvert. Mais si vous le souhaitez, vous pouvez contribuer en publiant sur birartibir.org que ce soit de manière ponctuelle, quand vous en avez envie ou régulièrement. Vous pouvez effectuer un virement direct sur le compte de l’association Bir+Bir Culture et Art avec la mention « don de l’association » (voir les coordonnées bancaires ci-dessous) ou vous pouvez utiliser ce lien pour les transactions par carte :
Coordonnées bancaires : BİR BİR KÜLTÜR SANAT DERNEĞİ/ TR62 0006 7010 0000 0056 6228 29 / Yapı Kredi Bankası, Cihangir Şubesi (069) / SWIFT Kodu (EUR, USD): YAPITRISXXX / SWIFT Kodu (Diğer döviz cinsleri): YAPITRISFEX
Villeneuve Plage est un événement qui se déroule chaque été au sein du Parc Jean Verlhac de la Villeneuve de Grenoble qui consiste à se réapproprier l’espace public à travers des activités culturelles, éducatives, festives et conviviales.
En 2023, Villeneuve Plage continue de s’inscrire dans la dynamique des 50 ans de la Villeneuve. Une réunion de préparation est prévue au mois de mars 2023. Rejoignez-nous en remplissant le framadate : https://framadate.org/7qW8IEupPnY8dXrp
Cet évènement initié par l’Atelier Populaire d’urbanisme (APU) est porté par le collectif inter associatif Villeneuve Debout. Il est rendu possible grâce à une démarche participative favorisant l’implication des partenaires, habitants et associations pour organiser des activités en soirée et week-ends qui s’adressent à tous les publics mixtes et intergénérationnelles.
Les animations qui se déroulent durant l’été se font essentiellement en direction des enfants et des jeunes. Les personnes qui ne partent pas en vacances investissent les abords du lac et il est possible selon nos expériences antérieures de lancer à ces moments-là des actions éducatives ludiques et artistiques qui peuvent satisfaire tout le monde.
« Villeneuve Plage » vise donc à mettre en évidence les capacités du Parc de la Villeneuve à offrir un cadre d’animation autour du lac et des jeux d’eau et répondre aux absences d’offre d’animation pendant les week-ends d’été. Ce dispositif souhaite rendre le parc Jean Verlhac attractif au point d’espérer le faire entrer dans le dispositif de la ville de Grenoble « l’été oh parc » pour qu’il devienne « l’été AUX parcs » (c’est le cas depuis 2021) !
Appel à mobilisation pour dire non à la proposition de loi « anti-squat » qui criminalise les locataires en difficultés et les occupants de logements et bâtiments vides.
Des associations appellent à une mobilisation le 28 janvier dans toute la France. Participer aux actions dans votre ville ! Toutes les infos pour les manifestations sur https://www.selogernestpasuncrime.org/
Le texte de loi va pouvoir condamner à trois ans de prison tout squat de local d’habitation, y compris s’il est totalement abandonné, mais aussi de locaux « à usage économique » (hangar, entrepôt, usine, grange, bureaux désaffectés)
A Grenoble, la manifestation samedi 28 janvier partira à 14h de Félix Poulat, contre le projet de loi criminel dite « Kasbarian », qui va s’attaquer aux plus précaires: squatters, sans-logis, locataires endettés… mais aussi les accédants à la propriété surrendettés et les grévistes !!
Fidèle à sa longue tradition municipaliste, Grenoble était pendant trois jours l’épicentre d’un vaste réseau réunissant des élus municipaux, activistes, techniciens, experts et chercheurs visant à renforcer la démocratie locale.
Du 7 au 10 décembre 2022, plusieurs centaines de personnes ont participé à des conférences, débats et ateliers des 21ème rencontre de l’observatoire international de la démocratie participative (OIDP) venant conclure en beauté une année particulièrement riche d’évènements organisés dans le cadre de « Grenoble Capitale Verte 2022 ». Devant la profusion d’activités organisés avec l’OIDP, il n’est pas facile de donner une image d’ensemble, mais nous allons partager ici quelques aperçus de cette constellation qui œuvre pour la démocratie avec une perspective municipaliste.
Le ton a été donnée par la soirée d’ouverture organisée à la Maison de la Culture de Grenoble. Au delà des discours protocolaires, l’intervention du secrétaire générale a posé clairement les enjeux démocratiques de l’autonomie des autorités locales dans un contexte international marqué par des restrictions de libertés et la persistance des états autoritaires. Le débat animé par l’excellente chercheure Marion Carrel s’est ensuite interrogée sur l’articulation avec les mouvements sociaux et l’enjeu de la prise de décision. Le public a eu l’occasion exceptionnelle d’entendre les récits du Garçon Almedia de Porto Alegre, de la présidente de l’assemblée constituante du Chili et Magali et la députée au parlement de Bruxelles Capitale. La démocratie locale est debout pour défendre la démocratie.
La seconde journée a débuté par une conversation intitulée « des tranchées aux avenues de la démocratie participative » animé par Yves Cabannes avec Giovanni Allegretti, Garçon Almedia, Gilles Dumas (…). La réflexion portait sur le cercle vertueux de l’alliance entre mouvements sociaux et municipalités : les combats des organisations d’habitants finissent par transformer le contexte socio-politique des autorités locales qui à leur tour mènent des politiques publiques qui renforcent les alternatives. Il est toujours passionnant de découvrir ou réentendre des grandes figures de la démocratie locale présenter la multitude d’alternatives : coopérative d’habitants, organismes fonciers, monnaies locale… J’ai toutefois été surpris que ces récits ne soient pas articulés avec les principales stratégies des dix dernières années : l’intersectionalité, l’occupation des places, des centres culturels, et des pratiques de commoning du « nouveau » municipalisme. Surtout, le débat n’a pas réussi à dépasser la transmission du récit de la démocratie locale depuis Porto Alegre pour construire des stratégies pour le présent. Cette difficulté de dépasser la succession de présentation d’expérience était également présente lors du second débat sur le climat et la démocratie locale.
Avec plus de soixante ateliers, les échanges d’expériences ont rythmé la seconde journée. Dans ces ateliers, les collectivités locales viennent présenter des bonnes pratiques, des professionnels parlent de leurs méthodes, des chercheurs contribuent avec leurs analyses (…) mais le plus souvent les habitants sont absents ! Alors que les organisations d’habitants ne cessent de répéter « ce qui se fait pour nous, sans nous, se fait le plus souvent contre nous », c’est quand même un comble pour un sommet pour la démocratie participative ! Bien sur qu’il n’est pas facile de résoudre cette contradiction mais nous penssons que les organisateurs des rencontres de l’OIDP et les municipalités devraient faire plus d’effort pour soutenir la participation des organisations d’habitants pour corriger l’image trop institutionnelle des rencontres de l’OIDP.
Deux activités ont particulièrement marqué les XXIème rencontres de l’OIDP.
La rencontre intitulée « Le municipalisme féministe : quelles approches pour l’action locale ? » était organisée par Amanda Flety de la commission inclusion social et droits humains de CGLU. Les présentations des maires de Villa Alemana (Chili), Iztapalapa (Mexique) et d’une représetante du bureau des femmes de Jezireh (Syrie) ont témoigné de la profonde transformation de la démocratie locale et de l’amélioration des conditions de vie de leurs habitants à partir d’une perspective féministe. Cette rencontre a été égament été marquée par la présence de la co-présidente du département des autorités locales et de l’écologie de la région de Jezireh (Syrie) dans le cadre du réseau de solidarité internatinoal « JASMINES » (Jalon et actions de solidarité. Municipalisme et internationalisme avec le Nord-Est de la Syrie) impulsé par la Fondation Danielle Mitterand.
La rencontre « Démocraties sous surveillance : Résistance face aux rétrécissements démocratiques » animé par le chercheur français Julien Talpin s’interrogeait sur le rôle des villes et des collectifs citoyens dans la défense de la démocratie locale. Les interventions de Med Wajdi Aydi, maire de Sfax (Tunisie), Jules Dumas Nguebou (Cameroun), Savaş Zafer Şahin de l’assemblée citoyenne d’Ankara (Turquie) et d’Alexandrina Najmowicz de l’European Civic Forum et Adrien Roux pour l’observatoire des libertés associatives explorait dans quelle mesure les villes peuvent contrebalancer les politiques répressives au niveau national en Europe et dans des régimes autoritaires.
Cette rencontre était particulièrement pertinente au regard du contexte actuel de menace sur la démocratie. Alors que la prochaine conférence aura lieu en 2023 à Rio de Janeiro (Brésil), l’ensemble du réseau de défenseurs de la démocratie locale devraient se tourner sur les enjeux cruciaux des prochaines années en particulier à l’est de l’Europe et dans le Moyen-Orient pour soutenir les défenseurs des droits humains et soutenir les pouvoirs municipaux dans les pays de la région.