La rénovation urbaine de Villeneuve doit prendre en compte la crise

Propager la solidarité, pas le virus

Depuis plusieurs semaines, des millions de personnes sont confinées pour éviter la propagation du virus Covid19. Ce confinement perturbe l’ensemble de nos activités. Cette situation a aussi contraint à limiter notre vie citoyenne : activités associatives, culturelles, éducatives, etc…

Nous soutenons et remercions tou-te-s celles et ceux qui continuent de travailler pour assurer les services publics et les besoins de premières nécessites, en particulier celles et ceux qui apportent du soutien aux personnes âgées ou vulnérables : un grand merci ! Nous n’oublions pas non plus celles et ceux qui retournent au travail (puisque tout arrêt de la production non-nécéssaire n’a pas été prononcé) mettant leur santé et leur vie en péril.

Cette crise révèle que nous ne sommes pas tous égaux dans le confinement. L’impact sur notre bien-être dépend de nos conditions de logement, de notre santé, de la possibilité d’assurer l’école à la maison et de nos ressources face à la crise. Pour nombre d’entre nous, il est devenu impossible d’apporter des services à nos proches et de continuer nos activités.

Dans ce contexte, plusieurs initiatives de solidarité ont émergé à la Villeneuve : mobilisation pour la réouverture du marché, dons importants de nourriture par des particuliers, distribution de repas en bas du 10-20 galerie de l’Arlequin par le CCAS, relais pour le soutien scolaire, applaudissements et chansons des balcons en soutien aux personnes engagées… Nous appelons à amplifier les actions de solidarité et à continuer de soutenir toutes celles et ceux qui sont en première ligne.

Réquisition et suspension des loyers et des charges

Le confinement accentue gravement les inégalités de logement. Dans nos quartiers populaires, le surpeuplement, l’insalubrité de certains lieux et l’arrêt des travaux marquent toujours plus la vie quotidienne. Plus de 1500 personnes étaient à la rue dans l’agglo avant cette crise sanitaire : c’est aujourd’hui la première menace du développement du COVID19. Dans ce contexte, nous exigeons l’application de la loi de réquisition des immeubles vides pour y loger dignement toutes les personnes sans logement pour que chacun puisse rester chez soi confinés.

Alors que des milliers de personnes ont perdu tout ou partie de leurs ressources dans la crise (perte de travail déclarée ou non, arrêt des périodes d’essai, chômage technique, allocations bloquées, etc.) nous ne pouvons nous contenter du seul report de deux mois de la trêve hivernale, qui ne fera que retarder les mises à la rue massives qui s’annoncent si rien n’est fait : nous attendons dès maintenant un moratoire sur les expulsions et la suspension des loyers et factures d’avril à septembre 2020, comme ce qui se fait en Espagne, au Portugal, en Allemagne ou au Royaume-Uni. A ce jour, près de 140 000 personnes ont signé des pétitions allant dans ce sens. Et nous pouvons tous repérer des situations désespérées dans notre voisinage pour les dénoncer avec les associations de locataires engagées..

Malgré l’annulation des manifestations prévues pour la journée européenne d’action pour le droit au logement du 28 mars 2020, des banderoles ont été accrochées aux fenêtres pour exiger des mesures pour les sans abris, l’arrêt des expulsions et un moratoire sur les loyers et factures. Le collectif RIC Arlequin et nos organisations s’associent à ces revendications qui sont vitales pour faire face à la crise. Nous demandons aux bailleurs de logements sociaux, à la ville de Grenoble et à Grenoble Alpes Métropole de suspendre les loyers et factures et demander au gouvernement des mesures de compensation. Nous saluons les initiatives des propriétaires privées qui acceptent déjà ou accepteront également de suivre ces orientations.

Impact de la crise sur le projet de rénovation urbaine

La crise sanitaire du COVID19 aura de nombreuses conséquences sociales, économiques et financières. Il ne sera pas possible de faire comme si rien ne s’était passé. Dans ce contexte, les autorités en charge du projet de rénovation urbaine doivent prendre la mesure de la crise pour adapter le projet urbain au nouveau contexte en le reconsidérant avec l’ensemble des parties, à commencer par les habitants.

S’il est encore trop tôt pour mesurer tous les impacts de cette crise sur le projet urbain, la situation actuelle a ouvert les yeux sur les inepties passées. Ce moment démontre entre autre l’importance de l’accès au logement social pour les plus démunis. La transformation urbaine de la Villeneuve, et plus largement de la centralité sud, doit contribuer à apporter des réponses en abandonnant les projets écologiquement inadmissibles dont la démolition de logements sociaux. Il est impératif que les institutions prennent en compte cette nouvelle donne et fassent le choix d’une vraie co-construction. Il n’est plus possible de reprendre comme avant (voir : « Plus jamais ça, signons pour le jour d’après »).

Concrètement, nous proposons que les habitants, associations, artisans, étudiants, professionnels deviennent force de proposition pour prendre soin et « Repenser Villeneuve » . A partir de toutes les ressources existantes, nous vous proposons de construire un nouveau cycle « Prendre soin de Villeneuve : construire des réponses face à la crise » pour imaginer la résilience du territoire. Le premier rendez-vous aura lieu ce jeudi 30 avril de 18h à 21h par visioconférence (inscription sur ricarlequin@gmail.com).

Ensemble agissons donc pour:

– un moratoire du paiement des loyers et des charges.

– lattribution de logements vides notamment au 10-20 et 30 galerie de l’Arlequin et au foyer Adoma.

– l’ouverture d’une réflexion collective pour repenser un projet urbain de la Villeneuve qui répondra différemment et au plus vite à la crise sociale, écologique et économique.

Signatures : Groupe de Travail RIC Arlequin, DAL 38, Alliance Citoyenne, Atelier Populaire d’Urbanisme (APU)