Source : https://www.aefinfo.fr/depeche/668264
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Des associations de locataires et des organisations européennes de lutte contre le sans-abrisme, réunies au sein de l’Alliance Internationale des Habitants, ont fait part, lundi 21 février, de leurs revendications en matière de droit au logement. Elles espèrent être entendues dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne, qui sera marquée par une rencontre ministérielle sur la lutte contre le sans-abrisme, le 28 février, puis par une seconde réunion autour de la construction neuve et de la rénovation énergétique, du 7 au 8 mars.
La lutte contre le sans-abrisme, la construction de logements abordables ou encore la rénovation thermique seront au cœur des échanges de la Présidence française de l’Union européenne, lors des deux prochaines semaines. Une présidence scrutée par les membres de l’Alliance internationale des habitants, qui ont fait part de leurs doléances, le 21 février 2022, afin de « préparer » la rencontre des ministres européens du logement, le 28 février, sur l’éradication du sans-abrisme, puis celle prévue à Nice les 7 et 8 mars au sujet du logement neuf et de la rénovation », indique Cesare Ottolini, coordinateur global de l’AIH.
Cette dernière espère que ces deux réunions ministérielles permettront de « réellement prendre en compte » la résolution du Parlement européen adoptée en janvier 2021. Celle-ci appelle l’Union européenne et ses États membres à considérer l’accès au logement comme « un droit humain fondamental » et à inscrire cette devise dans les législations nationales et européennes.
Feuille de route européenne sur le sans-abrisme
Eddie Jacquemart, président de la Confédération National du Logement, redoute que la concrétisation de cette résolution ne figure pas parmi les priorités de la Présidence française de l’Union européenne pour le logement. « Nous avons été invités à une consultation par le cabinet de la ministre en charge du Logement [Emmanuelle Wargon] pour savoir ce qui était inscrit à l’ordre du jour de ces deux rencontres. À notre grand désespoir, elles ne partiront pas de la résolution du Parlement européen mais d’un tour de table des situations de chaque pays en matière de logement », regrette-t-il. S’il n’attend « pas grand-chose » de ces entrevues ministérielles, le président de la CNL appelle, au niveau européen, à « la mobilisation pour éviter les expulsions et exiger une réglementation stricte sur le prix des loyers ».
La rencontre du 28 février, prévue à Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, doit permettre de mettre sur les rails la plateforme européenne de lutte contre le sans-abrisme. Lancée en juin 2021 à Lisbonne (lire sur AEF info), elle était présentée comme la pièce maîtresse de la coopération européenne en la matière, au travers du partage de connaissances et de retours d’expériences entre États membres, afin de tenter d’éradiquer le sans-abrisme d’ici à 2030. Or « la Commission européenne hésite encore sur la manière de faire vivre cette plateforme et sur le niveau d’ambition qu’elle souhaite lui donner », indique Maria José Aldanas, responsable des politiques à la Feantsa, qui a contribué à son lancement. Selon elle, la réunion de la semaine prochaine doit aboutir à l’approbation d’une « feuille de route sur une année » pour la mise en œuvre d’une stratégie européenne de lutte contre le sans-abrisme.
« Il suffit d’avoir la Volonté politique »
En tant que partenaire de la plateforme au titre des ONG, la Feantsa « alimentera cette feuille de route dès lors qu’elle connaîtra son programme de travail ». Elle fera notamment en sorte d’intégrer « la lutte contre les expulsions dans cette feuille de route, car cela doit constituer l’un des mandats de cette plateforme si la Commission européenne veut éradiquer le sans-abrisme en 2030 ».
« Nous plaçons beaucoup d’espoirs dans cette rencontre mais nous restons prudents », nuance Maria José Aldanas. « Nous mettons la pression sur la Commission européenne pour que cette plateforme devienne une réalité », assure-t-elle, inquiète, toutefois, de « l’implication de chaque État membre » pour faire aboutir cette plateforme. D’autant que des outils financiers existent pour tenter d’éradiquer le sans-abrisme d’ici à 2030, à l’instar du FSE, des Feder ou encore des offres de prêts et de garanties de la Banque européenne d’investissement via « Invest EU ». « Ils ont les politiques publiques et les fonds pour le faire, il suffit d’avoir la volonté politique », plaide Maria José Aldanas.
Plans de relance
À défaut de pouvoir influer réellement sur le contenu des rencontres ministérielles, les associations de locataires estiment qu’elles peuvent avoir voix au chapitre dans les plans de relance des différents États membres, qui ont mobilisé en partie les financements en prêts et subventions du plan de relance européen. Ces politiques de relance « prévoient, pour de nombreux pays, des financements pour la construction neutre en carbone et l’efficacité énergétique des bâtiments », rappelle Heidrun Maier-de-Kruijff, secrétaire générale de l’Association autrichienne des services publics. Elle considère que « les associations de locataires peuvent encore faire pression pour s’assurer, dans leurs pays respectifs, que ces financements vont bien dans la bonne direction, à savoir des projets permettant d’avoir des logements accessibles et abordables ».
Olga Nassis, coordinatrice de l’AIH en Grèce, a souligné que, sur la base de l’étude technique réalisée par Takis Korkolis, ancien secrétaire général pour les fonds structurels européens au ministère du développement du gouvernement Tsipras, il est possible de demander à l’UE de renégocier les plans de relance afin d’y inclure un financement important pour le logement public. Mais il est urgent de le faire très vite car les fonds doivent être investis d’ici 2026.
Du reste, « le logement digne ne doit pas se résumer à un slogan, il faut mener des actions politiques au niveau national et international », martèle Cesare Ottolini. Qui compte notamment sur la mobilisation des 26 et 27 mars prochains, dans le cadre des Journées Logement lancées par la Coalition européenne d’action pour le droit au logement. L’Alliance Internationale des Habitants envisage, en outre, la rédaction d’une déclaration commune en amont du Mipim, qui doit se tenir à Cannes du 15 au 18 mars, pour alerter contre « la financiarisation du logement ».
👉 Voire la video https://fb.watch/br50N8dc1C/
(FR) Assemblée Européenne des Habitant-e-s. Défendre le droit au logement (aussi) en Europe – 21/02/2022 https://www.facebook.com/habitants.org/posts/473330871127860
(EN) European Inhabitants Assembly. Let’s defend the right to housing (also) in Europe – 21/02/2022 https://www.facebook.com/habitants.org/posts/473313834462897
(ES) Asamblea Europea de Habitantes. Defender el derecho a la vivienda (también) en Europa https://www.facebook.com/habitants.org/posts/473326214461659
(IT) Assemblea Europea degli Abitanti. Difendiamo il diritto alla casa (anche) in Europa – 21/02/2022 https://www.facebook.com/habitants.org/posts/473335164460764