Solidarité avec les activistes, artistes et défenseurs des droits humains en Turquie.

A quelques jours de l’Assemblée des Communs qui aura lieu à Lyon qui aura lieu ce samedi 11 novembre, nous souhaitons lancer un appel à solidarité avec les activistes, artistes et défenseurs des droits humains en Turquie.

Nous attirons en particulier votre attention sur l’exposition « Starting from the Middle » qui a fait l’objet de vive attaque depuis plusieurs mois .

Photos : Maquette de Feshane Next Planning

Un reportage a été diffusé ce matin sur France Culture a une heure de grande écoute (720 000 auditeurs tous les jours). https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-reportage-de-la-redaction/turquie-l-offensive-conservatrice-dans-le-sport-et-la-culture-5954836

Au début de l’été, à Istanbul, une exposition intitulée « Commencer par le milieu », référence à Gilles Deleuze a dû fermer ses portes quelques jours après avoir été la cible d’attaques répétées.

L’un des commissaires d’exposition, Feyyaz Yaman raconte « Une femme voilée est venue voir l’exposition. Elle a filmé. Puis elle a publié ses images et commentaires sur les réseaux sociaux, YouTube et Instagram. Elle est passée à la télé, aux informations. Et dans la foulée des gens de différentes fondations religieuses ont débarqué ici. C’était des jeunes d’environ 17 ans. Ils sont arrivés, ils ont dit que cette exposition représentait le satanisme, qu’il s’agissait d’œuvres LGBT et d’insultes à la religion, que c’était une exposition contre la nation, contre l’Etat et contre nos traditions. Il y avait à l’entrée des statues d’une artiste, Gönul Nuhöglu. Elle avait représenté des chèvres. Ils en ont cassé une. Et ils se sont filmés en train de saccager son œuvre. Ils ont partagé ces images. C’était très organisé.

Des provocateurs très organisés

Des provocateurs qui ont de plus en plus le vent en poupe estime le chercheur Jean-François Pérouse.

« On peut remarquer l’offensive d’un certain nombre de groupes de pression, auxquels la victoire de l’AKP aux dernières élections semble avoir donné de l’énergie. Ce sont essentiellement des associations conservatrices, des confréries, des néo confréries et des fondations qui ont un agenda de moralisation de la société, explique-t-il, un agenda qu’elles souhaiteraient imposer à l’AKP qui est resté jusqu’à présent relativement prudent. Ces groupes sont dans une négociation sur un agenda de retour à des valeurs considérées comme plus proches des vraies valeurs morales turques qui auraient été oubliées au long de cette longue dérive qu’est l’histoire républicaine depuis 100 ans. Il y a une volonté, par exemple, de préserver un certain nombre de lieux considérés comme sacrés et ne devant pas être contaminés par, disons, l’univers moral décadent de l’Occident. »

L’exposition avait en outre le défaut de se tenir dans un lieu que certains veulent sacré.

« On l’a vu lors de la campagne contre cette exposition, poursuit Jean-François Pérouse. Elle était proche de l’un des lieux saints de l’islam sunnite, mais les limites de ce lieu sacré sont peu à peu repoussées. Et cette sanctuarisation, maintenant, touche des lieux qui jusqu’alors étaient préservés, qui sont en périphérie du sanctuaire à proprement parler. Et maintenant la tendance, puisque ces acteurs moralisateurs ont le vent en poupe, c’est d’étendre les domaines sanctuarisés et d’être un peu plus exigeants sur le respect de certaines personnalités, le respect de certains moments, c’est vraiment une action qui joue sur les symboles mais qui veut revoir l’équilibre symbolique dominant, l’économie symbolique en Turquie. »

Un reportage a été diffusé sur cette exposition le mardi 8 novembre sur France Culture a une heure de grande écoute (720 000 auditeurs tous les jours)