La question des démolitions à la Villeneuve est ancienne. A la fin des années 80, alors qu’émergeait le quartier Vigny Musset, le corrompu Alain Carignon avait envisagé un projet de démolition du 50 Galerie de l’Arlequin.
Ce projet avait été vivement combattu par des habitants du 50 Galerie de l’Arlequin au cours de la campagne pour les élections municipales de 1995. Le candidat socialiste Michel Destot s’était alors positionné contre les démolitions et avait remporté l’élection.
Le projet de démolition est ressortit suite au schéma directeur des quartiers sud élaboré par Yves Lion. Ce document envisageait une transformation de la Villeneuve de Grenoble dans le but de valoriser l’ensemble des terrains situés dans les quartiers sud, aux cotés d’autres opérations telle que la transformation du cours de l’Europe.
Toutefois, la transformation opérationnelle de l’Arlequin avait été confiée à une équipe d’urbanistes et d’architectes Interland et Lacaton et Vassal qui avait conclu qu’il ne fallait pas démolir de logements à l’Arlequin mais au contraire mener des réhabilitations ambitieuses des logements. Il s’agissait à la fois de respecter le choix l’avis de nombreux habitants et respecter un patrimoine historique.
Mais la conclusion de leur étude a été remise au cours de l’été 2010 qui a été marqué par une émeute suivi du discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy. A la rentrée, les élus de l’époque ont décidé de mettre fin au contrat avec les urbanistes sans diffuser le résultat de leurs études.
Ils ont alors confié leur étude la rénovation de Villeneuve à l’urbaniste en chef Yves Lion qui a proposé un projet de rénovation urbaine axé sur la démolition du 50 Galerie de l’Arlequin et la réhabilitation du 40 et l’autre partie du 50.
Les habitants se sont alors mobilisés dans un premier collectif contre les démolitions avant de proposer à la population des Atelier Populaire d’Urbanisme (APU). Si les mobilisations de ces années là, n’ont pas sauvé le 50 Galerie de l’Arlequin, ils ont permis de mettre la question de la rénovation urbaine de la Villeneuve au cœur de la campagne des élections municipales de 2014.
Le rassemblement des élus des citoyens, de gauche et écologiste s’est alors déclaré clairement contre les démolitions, pour la co-construction et le pouvoir d’agir des habitants. Ils ont été élus avec beaucoup de voix de la Villeneuve
Au lendemain des élections municipales de 2014, certains aspects du projet de rénovation urbaine ont été abandonnés grâce à la mobilisation des habitants, notamment la démolition d’une partie du 130 Galerie de l’Arlequin.
Une semaine de la co-construction a été co-organisée pour élaborer le nouveau projet de rénovation urbaine de la Villeneuve qui a rassemblé plus de 500 personnes. Au cours de cette semaine, il a été clair que les immeubles de l’Arlequin devaient être tous réhabilités, sans aucune démolition.
Grande a été la surprise lorsque les habitants ont appris en décembre 2016 que le nouveau projet de rénovation urbaine finançable par l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine incluait la démolition du 10 et 20 galerie de l’Arlequin, ainsi que le 1 place des Saules.
Des habitants ont alors créé un nouveau collectif contre les démolitions pour soutenir les habitants du 10 et 20 Galerie de l’Arlequin dans leurs mobilisations. Ils ont mené une multitude d’action dont des interventions aux ateliers de « concertation » de Passagers des Villes, des interpellations des élus, des conférences de presse, des manifestations, des évènements festifs et militants, une première pétition…
En 2018, ils se sont saisis du dispositif d’interpellation citoyenne mis en place par la ville de Grenoble. En quelques mois, le collectif a réuni plus de 2000 signatures contre les démolitions imposées aboutissant à un débat au conseil municipal. Leurs questions sont restées sans réponse. Pire, la votation citoyenne n’a pas eu lieu suite à l’annulation du dispositif par le tribunal administratif.
C’est à cette époque que l’idée, promue par les Gilets Jaunes, de recourir à un Référendum d’Initiative Citoyenne pour que s’exprime la parole des gens concernés, a eu du succès à Villeneuve.
Quelque soit l’issue de la lutte contre les démolitions du 20 Galerie de l’Arlequin, la mobilisation contre les démolitions de logements sociaux est importante car d’autres immeubles pourraient être menacés à l’avenir, notamment le 70, le 90, le 110 ou 120 Galerie de l’Arlequin.
Le collectif se réunit tous les mercred à 16h ou 18h. Avec le confinement les rencontres dépendent des conditions sanitaires.