L’université populaire est un lieu d’échanges et de débats qui part des ressentis des habitant.es des quartiers Sud de Grenoble. Elle a émergé dans la continuité des relations entre des chercheurs, des associations et des habitants puisqu’elle avait déjà été formulée lors du séminaire de 2014.
Alors qu’on se demandait comment concrétiser cette proposition, les attentats de Charlie Hebdo ont suscité une telle émotion qu’il était vital de mettre des mots sur les tensions qui traversaient la société.
L’objectif était de prendre en compte des dynamiques de pouvoir qui marginalisent les voix des habitants des quartiers populaires en ouvrant un espace de parole pour permettre à chacun de s’exprimer et de valoriser ses savoirs. Les soirées débats fonctionnent comme des assemblées, soigneusement préparées par des groupes de travail thématiques.
Dès les premières rencontres, l’objectif était de croiser des points de vues avec des habitants et des universitaires. «C‘était bien d’avoir des universitaires car lorsque l’on aborde des questions qui peuvent être conflictuelles comme les discriminations, la présence des chercheurs va légitimer le fait qu’il s’agit de questions pertinentes » nous a témoigné une participante.
Il est difficile d’évaluer l’impact de ces rencontres mais certains pensent qu’elles ont joué un rôle « thérapeutique » pour que les habitants puissent s’exprimer malgré le contexte très difficile de la période post-attentat : « même si le changement ne se fait pas du jour au lendemain, lorsque l’on réunit entre 40 et 90 personnes pour discuter d’un sujet, les institutions regardent ces dynamiques avec un certain intérêt, surtout lorsque la question posée est un impensé des politiques publiques ».
Les membres de l’Université Populaire de la Villeneuve ont souligné l’importance du travail commun mené entre des chercheurs et des habitants. Cette question de la posture des chercheurs avaient déjà été relevé lors du séminaire organisé en 2014 : « un sujet au cœur des débats est celui de la posture des chercheurs-enseignants et des étudiants dans le désir de travailler ensemble sur leurs représentations du quartier et inversement ».