Luttes de quartier et Droit à la Ville à Grenoble

Cet article fait partie d’une série partagée pour mettre en évidence les luttes militantes à travers l’Europe et la réponse de la base à la crise sanitaire et économique. Ces articles sont partagés en préparation de l’événement «Récupérer les biens communs: de l’austérité et de la dette à l’espace public et à la santé en tant que biens communs» qui aura lieu le mercredi 27 janvier 2021

Introduction

D’une crise à l’autre. De la crise économique de 2008 à la crise de Covid-19. Nous avons subi l’impact des coupes dans les services publics et nous avons vu les communautés et les militants réagir en créant des espaces d’entraide et d’auto-organisation pour prendre en charge collectivement les soins avec une conception inclusive du soin : non seulement en donnant accès aux services et équipements médicaux, mais aussi en offrant une solidarité sous forme de soutien psychologique, de défense contre la violence domestique, pour le logement et le maintien des revenus et pour un accès à la culture.La crise de la COVID-19 n’est pas seulement une crise de santé publique tout comme la crise économique ne sera pas seulement une crise de la dette. Séparer les deux est artificiel. Dans la perspective de l’évènement organisé en décembre 2020, il a été proposé aux participants du projet « Horizon Communs » de présenter des initiatives et de réflexion partagée sur les façons dont les militants se sont organisés en réponse à ces crises.
Nous avons essayé de rassembler quelques initiatives menées à Grenoble, plus particulièrement dans le quartier emblématique de la Villeneuve

MARS 2020: Solidarité de voisinage

La pandémie de COVID-19 s’est diffusée en France à partir du mois de mars 2020. Dès la mi-mars, tous les espaces publics ont été fermés pour confiner la population à domicile. La mise en place du confinement coïncidait avec le premier tour des élections municipales. Pendant deux mois, l’accès aux espaces publics étaient très réduits. Cette période a été marquée par une extraordinaire solidarité des habitants et une mobilisation exceptionnelle des services publics, en particulier dans le domaine de la santé.

A Grenoble, la première mobilisation des habitants a porté sur la réouverture des marchés pour assurer l’accès et le soutien aux producteurs locaux de fruits, légumes, œufs… Cette mobilisation s’est d’abord déclenchée sur les réseaux sociaux a été rapidement relayée par le maire de Grenoble qui a obtenue la réouverture des marchés dès la première semaine du confinement.

Des groupes d’entraides se sont mis en place à l’échelle des immeubles, des quartiers et de la ville. L’objectif était d’éviter que des personnes restent isolées, avec une attention particulière aux personnes âgées. Une multitude d’initiatives ont eu lieu : distribution de nourriture, confection de masque en tissu, courses pour des personnes âgées ou en mobilité réduite, soutien scolaire à distance, chorale d’habitants…

AVRIL 2020:Prendre soin de Villeneuve

Durant le confinement, notre espace public a pris d’autres formes. Evidemment, il y avait de nombreux échanges sur internet, mais nous avons remarqué également d’autres initiatives qui utilisaient la fenêtre comme un nouvel espace public. Comme le disait l’architecte Hundertwasser, les habitants ont un droit à la fenêtre.

A Grenoble comme ailleurs en Europe, les habitants se sont positionnés aux fenêtres pour applaudir l’ensemble du personnel de santé, chaque soir à 20h. A la Villeneuve de Grenoble, des habitants et plusieurs musiciens ont chanté tous les soirs à 18h depuis leurs balcons et leurs fenêtres. Cette initiative a été relayée par des médias locaux qui ont permis de diffuser une image positive du quartier. On pouvait entendre des chansons antifasciste comme Bella ciao et des chansons écrites par Marie Mazille et Franck Argentier qui a été fortement diffusé sur les réseaux sociaux.

Plus d’infos: https://www.lecrieur.net/au-170-la-musique-se-joue-confinement/ and https://www.youtube.com/watch?v=0w5eAOkkN18

Au delà de l’idée du « Droit à la Fenêtre », la notion de “prendre soin de notre quartier” a été exprimé comme un Horizon Commun à atteindre pour l’avenir. A partir de ce slogan, une soirée a été organisée pour construire des propositions face à la crise. Il s’agissait de soutenir et amplifier les initiatives d’entraide et de solidarité, de relayer la campagne sur le moratoire des loyers et des charges et de formuler des propositions pour imaginer l’avenir, prendre soin du quartier et favoriser le bien être des habitants dans cette période difficile.Au cours de cette rencontre, les habitants et associations ont pu partager de l’information sur les activités mutuelles.

De nombreuses initiatives de solidarité et d’entraide ont été présenté, par exemple en le soutien à des familles en difficultés oula diffusion d’activités culturelles. Pendant le confinement, Madame Ruetabaga et la Maison des idées ont par exemple réalisé, un petit kit à destination des enfants pour qu’ils produisent des livres. La salle se spectacle, l’Espace 600, a mené un projet intitulé “les personnes au bout du fil” tandis que des personnes du village Olympique ont proposé de réalisé des dessins dans la perspective d’une exposition collective.

MAI 2020:

Tout au long du confinement, des appels à la grève des loyers et des charges se sont multipliés. Le Droit au logement et les fédérations de locataires ont écrit au maire de Grenoble pour demander un moratoire des loyers au maire de Grenoble. Le groupe RIC Arlequin a diffusé le moratoire des loyers auprès de 1000 locataires de l’Arlequin. Par ailleurs, un appel à signature a été diffusé au sein des associations de Villeneuve pour apporter le soutien au moratoire. L’Alliance Citoyenne a mené une démarche complémentaire avec l’envoi d’une lettre aux élues pour demander la réduction et l’annulation des loyers et des charges de façons ciblée sur les familles qui ont des difficultés.
Lorsqu’il a été possible de se réunir dans l’espace public, les militants ont organisé des actions. Le samedi 30 mai, une quinzaine de personnes s’est réunie sur la place du marché de la Villeneuve avec un double objectif : parler de la campagne nationale pour un moratoire sur les loyers et donner le coup d’envoi d’une vaste enquête auprès des habitants de l’Arlequin sur leur perte de revenus pendant le confinement.

Campagne sur le moratoire des loyers

Comme l’a précise Raphaël Beth dans un article publié dans le Crieur de la Villeneuve : « Les bailleurs sociaux ont ouvert des démarches, au cas par cas, en cas de difficulté pour payer le loyer. Or, il faut pouvoir prouver sa perte de revenus pour bénéficier d’une aide. Quand ce sont des revenus informels, ce n’est pas possible de le faire. L’enquête, via des questionnaires à remplir, pourra montrer l’ampleur de la perte de revenus des locataires.» (Voir https://www.lecrieur.net/une-enquete-sur-les-pertes-de-revenu).

JUIN 2020

Plaidoyer pour le Droit à la Ville

Lors du premier tour des élections municipales en mars 2020, des organisations d’habitants de Grenoble, Lyon et Marseille ont initié la campagne « L’Agenda pour le Droit à la Ville » qui a permis de rassembler 350 propositions. La fin de cette campagne de plaidoyer avait été marquée par la mise en place du confinement qui coïncidait avec le premier tour des élections municipales.
Pour le second tour qui se déroulait le 28 Juin, les organisations d’habitants ont décidé de mener une nouvelle campagne de plaidoyer pour mettre en débat nos revendications pour la construction d’un agenda pour le droit à la ville. Pour répondre à cette crise, deux ensembles de propositions semblaient prioritaires :

– Un plan d’urgence pour le logement et la ville 

  • la suspension du loyer et des charges pour les familles en difficulté ,
  • l’interdiction des expulsions sans solution de relogement
  • un fonds de compensation pour les bailleurs et les services publics locaux impactés.

Ces mesures d’urgence sont à intégrer dans un plan exceptionnel pour le logement et la ville co-construit avec les habitant-e-s, dans le respect des règles environnementales, visant à

  • Inscrire l’objectif de 30% de logements sociaux pour 2030 dans le Plan local de l’habitat et à l’échelle des quartiers pour lutter contre la ségrégation urbaine,
  • augmenter substantiellement le nombre de place en hébergement pour répondre à l’objectif zéro personne à la rue.

–  La démocratisation de la fabrique de la ville 

Depuis des années, les organisations d’habitant-e-s exigent d’être associées à la fabrique de la ville. Malgré la réforme de la politique de la ville en 2014 qui a introduit le principe de co-construction, les changements concrets se font toujours attendre.

Pour remettre les habitants au centre de ces projets, nous demandons de:

  • Ouvrir à tous les citoyens et leurs représentants les instances techniques et politiques des projets urbains pour assurer la transparence de l’action publique et la véritable co-construction des projets.
  • Instaurer des instruments de démocratie directe, tel le référendum d’initiative citoyenne, pour favoriser l’expression réelle des premiers concernés.
  • Mettre en place des moyens financiers spécifiques, tels le fonds d’initiative citoyenne ou le 1% citoyenneté, pour doter les habitants des moyens nécessaires à une expertise indépendante et à la reconnaissance de leurs savoirs d’usage
  • Démocratiser le fonctionnement des bailleurs sociaux à travers la gestion urbaine de proximité et la co-construction des opérations de réhabilitation.
  • Réformer l’agence nationale de rénovation urbaine à partir d’un projet de loi pour renforcer la mise en œuvre de l’agenda pour le droit à la ville (voir annexe).

JUILLET & AOUT 2020: Réappropriation de l’espace public

Après ces longues semaines de confinement, tout le monde avait le désir de passer tout l’été au grand air, de discuter avec ses voisins à l’ombre d’un arbre, se détendre quelques heures et retrouver sa liberté !

Comme chaque année, un collectif d’association a propose de se rassembler autour du petit lac de la Villeneuve pour se réapproprier l’espace public, pour prendre soin de soi, des autres, de notre quartier, de notre ville. Tout au long de l’été, les associations de Villeneuve et d’ailleurs ont prévu des activités, des ateliers, des contes, des démonstrations, des spectacles, des concerts, une buvette pour se rafraichir et des petits plats à déguster.

Les habitants pouvaient venir seul ou en famille, avec ses voisins de 16h à 21h pour profiter des longues journées, des après-midis ensoleillées et des douces soirées d’été ! Si l’évènement a été un réel succès populaire avec plusieurs centaines de participants, il a également été marqué par plusieurs épisodes de violence. Dès le confinement, les associations avaient alertées sur la montée des violences domestiques qui risquaient de se répercuter sur l’espace public.

La présence des associations et des habitants dans l’espace public a permis de discuter de cette situation et se donner rendez vous à la rentrée pour la quinzaine de la non-violence.

OCTOBRE 2020: Quinzaine de la non-violence

A la rentrée 2020, les habitants et associations de la Villeneuve se sont retrouvés pour la quinzaine de la non-violence organisée depuis plusieurs années. Malgré les contraintes sanitaires qui a provoqué l’annulation de nombreux évènements, il a été possible d’organiser plusieurs initiatives dont une rencontre au café associatif « Le Barathym » visant à formuler des proposition pour réinventer la prévention avec les habitants.

Cette initiative propose de s’inspirer des méthodes du leadership civique de Bogota qui a permis une amélioration spectaculaire de la sécurité de la ville entre 1994 et 2003 (source EFUS.eu). La méthode de Bogota est de promouvoir la culture citoyenne, d’aider à résoudre pacifiquement les conflits entre les personnes, d’aider les groupes les plus vulnérables de la population, réduire les risques de délit et former des acteurs clefs de la communauté à l’élaboration d’une stratégie pour renforcer la participation citoyenne et la prévention.

L’objectif est de s’attaquer aux causes de la violence et de la délinquance. Les facteurs personnels et familiaux, l’exposition à la violence, la précarité du logement, l’environnement, la scolarisation et les conditions locales, et les inégalités constituent tous des facteurs de risque liés à la délinquance, souvent exacerbés par la présence de drogues et d’armes, et le manque de possibilités de réinsertion sociale.

NOVEMBRE 2020: Villeneuve Numérique

Comme lors du premier confinement, la démarche Villeneuve Numérique s’est mise en place pour soutenir les habitants, les associations et collectifs pour continuer leurs activités à distance et soutenir les démarches administratives, etc…
Cette démarche a permis de mettre en place des outils numériques libres à disposition d’un groupe de voisin, un comité d’immeuble, une association ou collectif. Les habitants pouvaient créer des dossiers partagés sur un nuage dédiée à la Villeneuve pour partager des document collaboratifs, partager des comptes-rendus et d’autres documents. Il s’agissait de voir dans quel mesure les communs numériques pouvaient venir en soutien des communs urbains durant la période de confinement.

NOVEMBRE 2020: Hommage à André Béranger

La crise du COVID est une période qui a été profondément marqué par le décès de membres de nos communauté, soit à cause du virus ou d’autres maladies. Les restrictions sanitaires ont obligé les familles à organiser des célébrations en petit comité. A la Villeneuve, les habitants ont rendu hommage à André Béranger, un pionnier de l’Arlequin, instituteur et militant de la Villeneuve de Grenoble qui a défendu les droits humains tout au long de sa vie, en particulier le droit à l’éducation, le droit au logement et le droit à la ville.

André Béranger était resté fidèle au projet politique de la Villeneuve. Le regard tourné vers l’avenir, il considérait la Villeneuve comme un bien commun à défendre et à transmettre aux prochaines générations en préservant le logement populaire. Il a co-fondé l’association Villeneuve Debout au lendemain de l’été 2010, puis le collectif contre les démolitions et soutenu la mise en place de l’Atelier Populaire d’Urbanisme (APU).

André Béranger demeurera indéniablement une figure majeure de la Villeneuve comme en témoigne l’hommage qui lui a été rendu en plein confinement. La veille de sa mort, des dizaines d’habitants se sont réunis en entonnant des chansons engagés au rythme des percussions, scandant son prénom en apercevant sa silhouette à la fenêtre de son immeuble de la Galerie de l’Arlequin.

Une projection clin d’oeil à André a eu lieu vendredi 27 Novembre sur le 10 Arlequin (où André et Ariane ont habité de 1973 à 1980, juste au dessus de l’école des Charmes) en partenariat avec la Maison de l’image et Vidéogazette (https://www.videogazette.net)

Projection en hommage à André Béranger (photo Willy Lavastre)

DECEMBRE 2020: Relocalisons !

Le 4 décembre, les membres de l’équipe Exporterre en partenariat avec Transform’ ont lancé l’initiative « Relocalisons ! » qui propose d’imaginer la production locale d’une dizaine d’objets et de services de la vie quotidienne dans l’agglomération grenobloise pour qu’ils deviennent des biens communs. Cette initiative s’inscrit dans la continuité du travail mené par l’équipe Exporterre sur l’économie informelle dans les quartiers populaires.

Alors que dans le contexte de la crise sanitaire, sociale, économique et écologique, la relocalisation se présente aujourd’hui comme une évidence qui s’impose à tous, il s’agit désormais nécessaire de passer de l’idée à sa concrétisation. Cette première rencontre a permis de confirmer l’intérêt des partenaires et commencer à définir une liste d’une dizaine d’objets et de services qui seront travailler ensemble lors d’ateliers participatifs qui se dérouleront de janvier à avril 2021 pour identifier les compétences, réfléchir à l’éco-conception et au cycle de vie des objets et services.

Conclusion : Réflexion sur la santé, la dette et les communs urbains

A partir d’une perspective locale, les liens entre la santé, la dette et les communs urbains paraissent évident. L’enquête sur les impayés de loyers nous a permis de voir que 80% des habitants affirment avoir des difficultés financières depuis le début du confinement et 60% des habitants enquêtés ont subi des pertes de revenus. Il est probable que cette situation entraine une augmentation des dettes et nous savons que les dettes peuvent entrainer une spirale négative aboutissant à la dégradation de la santé. Lors du confinement, des actions de solidarité ont été mené entre voisins, soutenu par des communs numériques. L’idée de prendre soin de son quartier s’est diffusé, dans une vision élargie de l’idée de soin. Lorsque cela a été possible de ressortir au grand air, nous avons lancé des initiatives pour se réapproprier les communs urbains à travers des actions dans l’espace public et organiser des activités culturelles.

Au cours de cette période, certains d’entre nous ont été marqué par le décès de proches. A la Villeneuve, l’instituteur et militant André Béranger est décédé le 15 novembre 2020, au lendemain d’un hommage de ses amis et voisins. Malgré toutes les actions, nous sommes inquiets de l’impact de la crise sanitaire sur la santé des habitants, les difficultés d’accès aux soins et l’aggravation des conditions de vie. Nous constatons que malgré de nombreuses alertes, les bailleurs sociaux n’ont pas mis en place de dispositif spécifique pour aider les locataires qui ont des problèmes de santé. Nous remarquons également que beaucoup d’habitants ne reçoivent pas de réponse à leur demande d’obtenir un logement adapté.  Nous sommes inquiets pour les personnes âgées et les personnes isolées. Il est urgent de mettre la santé au centre de nos réflexions, de renforcer la prévention et l’accompagnement des familles dont l’un des membres peut être affectés par une maladie chronique ou grave. Au delà de la solidarité, nous proposons de réfléchir au lien santé et logement à travers une campagne d’interpellation de tous les acteurs : habitants, associations, centres de santé, personnel de santé, travailleurs sociaux service municipal de santé, CHU et les bailleurs sociaux pour réfléchir ensemble à une meilleure prise en compte de la santé des habitants.

Nous ne savons pas si le lien que nous avons fait au niveau local entre la santé, la dette et les communs urbains est transposable à d’autres échelles. Nous avons conscience que la mondialisation néolibérale a provoqué des coupes dans les services publics qui sont de plus en plus affaibli et que nous avons été obligé de nous organiser pour prendre en charge certaines actions. Mais, il est important d’être collectivement vigilant face au probable retour de l’austérité une fois la crise sanitaire terminée. Nous devons également tiré des apprentissages des évènements que nous sommes en train de vivre pour se préparer aux futures crises sociales, sanitaires, financières, économiques et climatiques. Dans ce marasme, nous souhaitons regardez l’horizon qui, nous le souhaitons, sera un Horizon en Commun.

CREDITS :
Rédaction : David Gabriel, Next Planning pour l’Assemblée des Communs de Grenoble . Contact :
planning@zaclys.net
Photos et Illustrations : p2, Benjamin Bultel, www.lecrieur.net ; illustration Next Planning, p4, Benjamin
Bultel www.lecrieur.net, illustration Next Planning, p6, photos Villeneuve Plage : Next Planning, p8 : photo
APU, anonyme, projection Clin d’oeil à André, photo Willy Lavastre, p9, logo Relocalisons, Next Planning.

Le dernier combat d’André Béranger à la Villeneuve

Cette lettre est un hommage à André Béranger, un pionnier de l’Arlequin, instituteur et militant de la Villeneuve de Grenoble qui a défendu les droits humains tout au long de sa vie, en particulier le droit à l’éducation, le droit au logement et le droit à la ville.

Photo le Crieur de la Villeneuve

Photo : Le Crieur de la Villeneuve

Arrivé à l’Arlequin en 1975, André Béranger était un instituteur de l’ambitieux projet pédagogique de la Villeneuve qui visait à créer des écoles ouvertes, décloisonnées, anti-autoritaires et émancipatrices. Il incarnait cette révolution de l’école après mai 68 . Face à la normalisation imposée par l’inspection académique, il a toujours défendu les principes énoncés dans la charte du projet éducatif de Villeneuve : pour la co-éducation, l’ouverture et l’autogestion. Rebelle et humaniste, tribun infatigable, il a cherché à concrétiser le rêve municipaliste de Jean Jaurès  : «que  les communes aient le droit d’instituer des expériences éducatives ou des programmes nouveaux pour essayer de nouvelles méthodes ou des doctrines plus hardies ».

André Béranger exprimait souvent son indignation face aux injustices. Il a mené d’innombrables combats en soutenant sans relâche ses anciens élèves, leurs familles, ses voisins, les enfants du Réseau Education Sans Frontière (RESF) et plus largement tous les mal-logés ou sans logement. André Béranger était un homme du peuple. Il aimait être au milieu des siens lors des rassemblements, des spectacles, des carnavals, des fêtes de quartier. Ces temps forts de la culture populaire étaient l’expression de l’égalité, du sens du voisinage et de l’amitié entre les habitants. Au côté de sa femme Ariane, André Béranger a participé à la création de l’association du 30/40 Arlequin pour l’amélioration du cadre de vie. Il défendait l’importance d’une pratique politique ancrée dans la vie quotidienne favorisant l’organisation et la solidarité entre voisins.

André Béranger est resté fidèle au projet politique de la Villeneuve. Le regard tourné vers l’avenir, il considérait la Villeneuve comme un bien commun à défendre et à transmettre aux prochaines générations en préservant le logement populaire. Il a co-fondé l’association Villeneuve Debout au lendemain de l’été 2010, puis le collectif contre les démolitions et soutenu la mise en place de l’Atelier Populaire d’Urbanisme (APU). Il était membre de plusieurs initiatives dont le Crieur et Planning où il militait pour la prise en compte des enjeux éducatifs dans une approche globale de l’urbanisme. On se souvient de son interpellation de la ministre Cécile Duflot en 2012 avec la banderole « ce qui se fait pour les habitants, sans eux, se fait le plus souvent contre eux ». Il a contribué aux propositions pour le rapport de Marie-Hélène Bacqué et Mohamed Mechmache « pour une réforme radicale de la politique de la Ville. Ca ne se fera plus sans nous ». Il était un pilier de la Table de Quartier de la Villeneuve pour favoriser l’expression des habitants et l’initiative citoyenne.

André Béranger défendait les logements sociaux de l’Arlequin. Indigné par le projet de démolition du 50 puis du 20 Galerie de l’Arlequin, André Béranger défendait le droit des habitants à décider l’avenir de leur immeuble. Sa détermination a permis de mener une lutte exemplaire pour la défense du logement sociaux avec les Résidents Arlequin, le DAL et l’APU. Quelle énergie déployée pour organiser les pétitions, les manifestations, les réunions publiques jusqu’à l’inédit référendum d’initiative citoyenne RIC Arlequin ! André Béranger était attentif à que ceux qui ne sont jamais entendu-e-s puissent s’exprimer. Il oeuvrait pour la démocratie avec une méthode expérimentée dans les cafés éducs : organiser les assemblées d’habitants en groupes de quatre ou cinq personnes pour que la parole de chacun soit entendue. C’était la condition pour qu’émergent des idées d’actions qui soient décider collectivement pour transformer la réalité. Alors que l’on expérimentait des méthodes d’organisation des habitants pour favoriser un urbanisme participatif, il nous a transmis plus qu’une méthode, un véritable courant de pensée en acte : une « Ecole de la Villeneuve ».

Avec pudeur mais sans tabou, André Béranger a mené son dernier combat contre la maladie avec dignité. Malgré les difficultés, il tenait à être présent, actif, informé et engagé. André Béranger demeurera indéniablement une figure majeure de la Villeneuve comme en témoigne l’hommage qui lui a été rendu en plein confinement. La veille de sa mort, des dizaines d’habitants se sont réunis en entonnant des chansons engagés au rythme des percussions, scandant son prénom en apercevant sa silhouette à la fenêtre de son immeuble de la Galerie de l’Arlequin. Le lendemain, nous avons reçu ton message « je tire ma révérence » qui nous annonçait ton geste ultime et courageux.

Merci André, nous poursuivrons tes chers combats. Nous exprimons nos condoléances à sa famille : sa femme Ariane, ses enfants Marion, Florence et Sylvain, tous ses petits-enfants, ses voisin-es et ses ami-e-s.

L’Atelier Populaire d’Urbanisme (APU)

Association Next Planning, 97 Galerie de l’Arlequin 38100 Grenoble

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6 & 7 novembre 2020 : RENCONTRE RECHERCHE, EXPERTISE CITOYENNE ET MOUVEMENTS SOCIAUX URBAINS

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Inscription obligatoire via https://frama.link/6-7novembre

Présentation

Depuis plusieurs mois, l’AITEC et Planning réalisent un état des lieux sur les interactions entre la recherche, l’expertise citoyenne et les mouvements sociaux urbains. L’objectif est de produire une analyse des relations et des apports réciproques entre chercheur.e.s universitaires, académiques, bureaux d’études et mouvements citoyens inscrits dans des actions menées conjointement pour le doit à la ville et le droit au logement.

Cette rencontre d’un jour et demi vise à discuter collectivement cet état des lieux et élaborer ensemble des pistes pour renforcer les mouvements sociaux à partir des coopérations entre chercheurs et militants de terrain des luttes urbaines. La première journée sera consacrée à la présentation de cinq études de cas ponctuée par des discussions collectives. La seconde journée sera consacrée à élaborer des propositions et perspectives pour un agenda de la recherche-action urbaine.

Programme

Vendredi 6 novembre 2020

10h : Accueil et introduction par l’AITEC et PLANNING

10h20 : Intervention de Mohamed Mechmache, Pas Sans Nous

10h40 : La recherche-action avec les militant·es de l’habitat éphémère ou mobile avec HALEM

Présentation des relations entre chercheur·es et militant·es au sein d’Halem qui est une association composée de militant·es, de juristes, de communicant·es, d’usager·es adhérent·es et bénévoles uni·es par le sujet de l’habitat éphémère ou mobile.

11h30 : Recherche-action urbaine à la Villeneuve de Grenoble avec Next Planning

Présentation de plusieurs initiatives réunissant des chercheur·es, des associations et des habitant·es de la Villeneuve de Grenoble qui visent à renforcer la recherche-action urbaine et tentent d’ouvrir de nouvelles perspectives en faveur du Droit à la Ville.

12h20 : Pause

13h45 : Retour sur l’histoire de la recherche-action en dialogue avec le LISRA

Après un retour retrospective sur la recherche-action, nous entamerons un dialogue avec des membres du Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action (LISRA) vise à revenir sur la pratique des tiers- espaces de l’action et de la recherche.

14h30 : Soutenir les luttes des habitants en région parisienne avec APPUII

APPUII est une association constituée de chercheur·es, professionnel·es, étudiant·es, membres d’associations locales et d’habitant·es qui interviennent à la demande d’habitant·es concerné·es par des projets urbains. En revenant sur l’histoire de ce réseau né d’une recherche-action, nous entamerons un dialogue sur les pratiques et pédagogies coopératives qui contribuent au renforcement des mobilisations des habitant·es.

15h20 : Alliance entre chercheur·es et militant·es dans la coordination Pas Sans Nous

Le collectif Pas sans Nous s’est voulu un syndicat des quartiers populaires en mesure de défendre les droits des habitant·es de ces quartiers soumis à l’arbitraire et à la ségrégation. Nombre d’associations de quartier se sont réunies dans ce collectif, inspirées par du rapport: « Pour une réforme radicale de la politique de la ville – ça ne se fera plus sans nous ». Cette présentation vise à analyser ce que produit la coopération entre chercheur.es et autres professionnel.les et militant.es au sein de cette organisation.

16h10 : Luttes et enquêtes sociales sur la transformation urbaine à Marseille avec Un Centre Ville pour Tous

Depuis une vingtaine d’années, l’association Un Centre Ville pour Tous se bat pour l’éradication du logement indigne et la réhabilitation des quartiers populaires de Marseille. Nous présenterons les pratiques de l’enquête sociale rassemblant des chercheur·es, militant·es et habitant·es au service des luttes urbaines et des pistes possibles pour de nouvelles recherche-action menée avec les habitants.

17h : Retour et synthèses avec le témoignage de François Menard (Plan Urbanisme Construction Architecture)

Samedi 7 novembre 2020

9h-12h : Propositions et perspectives pour la recherche-action urbaine

Après une première journée de présentation des études de cas, nous envisageons un dialogue entre les participants pour débattre des quatre questions posées au départ de la démarche :

  • Comment interagissent le monde de la recherche et les associations et collectifs d’habitant.es dans la construction des luttes ?
  • Comment se soutiennent et s’alimentent ces deux acteurs des luttes urbaines : qui sont-ils, quels outils, quels appuis, quels freins ?
  • Quelles sont les méthodes de recherche-action qui permettent aux organisations d’habitants de réellement participer à la gouvernance de la recherche urbaine ?
  • Quels sont les savoirs qui émergent des coopérations entre chercheurs et mouvements d’habitants ? Quelles sont les hypothèses de recherche ? Quelles contributions à l’agenda de recherche ?

Ces derniers échanges vise à construire des perspectives pour le renforcement des mouvements sociaux et de la recherche-action urbaine. Comment renforcer les liens entre chercheurs, militants et habitants ? Quels sont les besoins de recherche- action pour les mouvements d’habitants ? Quelles propositions pour contribuer à l’agenda de la recherche-action urbaine ?

Inscription obligatoire via https://frama.link/6-7novembre

contact.aitec@reseau-ipam.org

planning (a) zaclys.net

Assemblée Générale 2020

suite aux restrictions d’accès aux salles municipales de Grenoble, l’assemblée générale de l’association Planning se tiendra le 5 octobre à 17h par visioconférence en cliquant sur ce lien ZOOM.

Cette initiative se tiendra à l’occasion de la Journée Mondiale de l’Habitat et des campagnes de l’Urban October pour le droit au logement et le droit à la Ville.

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Cette assemblée générale proposera des modifications de statuts (voici la proposition de statut modifié) et la création d’une collégiale. Pour pouvoir voter à l’Assemblée Générale, il est nécessaire d’avoir rempli le bulletin d’adhésion (ci-dessous) et de le téléverser dans le  Dossier Adhésion ou de le renvoyer par mail à planning(a)zaclys.net) et d’être à jour de la cotisation (prix libre).

2ème tour des elections municipales : FAIRE LA VILLE AVEC LES HABITAN-T-E-S

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PLAIDOYER POUR LE DROIT A LA VILLE

SECOND TOUR DES ELECTIONS MUNICIPALES LE 28 JUIN 2020

Le COVID-19 a provoqué une crise sans précédent S’il est encore trop tôt pour mesurer toutes ses conséquences, cette crise a révélé l’ampleur des inégalités sociales : la mortalité a été plus forte dans les quartiers populaires sous-dotés en services publics, au sein desquels les conditions de logement étaient plus difficiles et dont le contrôle policier était renforcé.

Dans certaines villes, comme en Seine-Saint-Denis, la mortalité a augmenté de 128% par rapport à la même période de l’année précédente selon l’INSEE. Aujourd’hui, l’urgence pour les habitant.e.s est à la survie. Il s’agit pour eux.elles de payer leur loyer et les dépenses liées à l’alimentation pour nourrir leur famille. Les dépenses de logement peuvent représenter en moyenne 40 à 50% des revenus du ménage. Le chômage partiel ou la perte d’un emploi multiplient les situations d’endettements et d’impayés.

Si les réseaux de solidarité et les organisations d’habitants ont permis de répondre à certaines situations d’urgence, ils doivent être accompagnés et contribuer à la construction des politiques publiques qui doivent être à la hauteur des enjeux.

Lors du premier tour des élections municipales en mars 2020, des organisations d’habitants de Grenoble, Lyon et Marseille ont initié la campagne « L’Agenda pour le Droit à la Ville » qui a permis de rassembler 350 propositions. Sans nous limiter aux échéances éléctorales, nous proposons d’organiser une campagne de plaidoyer pour le second tour des élections municipales qui aura lieu le 28 Juin. Les élections sont une occasion de mettre en débat nos revendications pour la construction d’un agenda pour le droit à la ville.

Pour répondre à cette crise, deux ensembles de propositions nous semblent prioritaires :

  1. Un plan d’urgence pour le logement et la ville

Face à la crise, beaucoup d’habitant-e-s des quartiers populaires vivent des difficultés économiques qui impactent leur capacité à payer le loyer et les charges. Si rien n’est fait, la crise provoquera des expulsions et une augmentation massive de la pauvreté.

Nous sollicitons les décideurs locaux et nationaux pour la mise en place de politiques publiques adaptées et robustes, pour répondre aux enjeux révélés par la crise sanitaire, sociale et économique. C’est pourquoi nous demandons :

  • la suspension du loyer et des charges pour les familles en difficulté ,
  • l’interdiction des expulsions sans solution de relogement
  • un fonds de compensation pour les bailleurs et les services publics locaux impactés.

Ces mesures d’urgence sont à intégrer dans un plan exceptionnel pour le logement et la ville co-construit avec les habitant-e-s, dans le respect des règles environnementales, visant à

  • Inscrire l’objectif de 30% de logements sociaux pour 2030 dans le Plan local de l’habitat et à l’échelle des quartiers pour lutter contre la ségrégation urbaine,
  • augmenter substantiellement le nombre de place en hébergement pour répondre à l’objectif zéro personne à la rue.
  1. La démocratisation de la fabrique de la ville 

Depuis des années, les organisations d’habitant-e-s exigent d’être associées à la fabrique de la ville. Malgré la réforme de la politique de la ville en 2014 qui a introduit le principe de co-construction, les changements concrets se font toujours attendre.

Pour remettre les habitants au centre de ces projets, nous demandons de:

  • Ouvrir à tous les citoyens et leurs représentants les instances techniques et politiques des projets urbains pour assurer la transparence de l’action publique et la véritable co-construction des projets.
  • Instaurer des instruments de démocratie directe, tel le référendum d’initiative citoyenne, pour favoriser l’expression réelle des premiers concernés.
  • Mettre en place des moyens financiers spécifiques, tels le fonds d’initiative citoyenne ou le 1% citoyenneté, pour doter les habitants des moyens nécessaires à une expertise indépendante et à la reconnaissance de leurs savoirs d’usage
  • Démocratiser le fonctionnement des bailleurs sociaux à travers la gestion urbaine de proximité et la co-construction des opérations de réhabilitation.
  • Réformer l’agence nationale de rénovation urbaine à partir d’un projet de loi pour renforcer la mise en œuvre de l’agenda pour le droit à la ville (voir annexe).

Journée d’action le 20 Juin

Nous proposons une journée d’action simultanée dans différentes villes avec un rassemblement devant les hôtels de ville. Pour montrer la diversité de nos mouvements, nous proposons de réunir une dizaine d’organisations luttant pour le droit à la ville représentées chacune par un membre.

La solidarité a l’échelle des villes qui s’est développée dans cette période de crise montre à quel point celles-ci peuvent incarner des îlots de résistance et être les lieux d’expérimentations de luttes porteuses de nouveaux projets de société.

Retrouver toutes nos propositions sur le site internet www.agendadroitalaville.fr et n’hésitez pas à diffuser nos propositions avec le hashtag #droitalaville

Premiers Signataires :

Grenoble, Atelier Populaire d’Urbanisme (APU)

Marseille, Un Centre Ville pour Tous

St-Denis, APPUII

Annexe

11 propositions pour un agenda local pour le Droit à la Ville

Voici quelques propositions issues de l’agenda pour le Droit à la Ville à compléter en fonction des territoires pour contribuer au débat public des élections du 28 Juin.

  1. Inscrire l’objectif de 30% de logements sociaux pour 2030 dans le Plan local de l’habitat
  2. Réformer l’agence nationale de rénovation urbaine à travers un projet de loi en concertation avec les collectivités locales et les organisations d’habitants.
  3. Lancer un vaste plan de réhabilitation thermique des logements avec l’objectif annuel de 5% des logements publics et privés (objectif BBC).
  4. Mettre en oeuvre des politiques foncières en commun pour lutter contre la spéculation en démocratisant les EPFL.
  5. Instaurer la gratuité des transports en commun et instaurer des objectifs chiffrés en faveur des aménagements qui favorisent les déplacements à pied et à vélo.
  6. Réhabiliter toutes les écoles communales d’ici 2030 pour améliorer les conditions d’apprentissage des enfants et lutter contre les inégalités scolaires
  7. Financer un plan d’investissement ambitieux pour entretenir et développer les équipements et services publics locaux et l’arrêt des PPP.
  8. Favoriser la prise en charge des parcours d’asile et de migrations à l’échelle municipale et métropolitaine.
  9. Retirer les dispositifs techno-sécuritaires et favoriser l’aménagement d’espaces publics inclusifs qui contribuent au bien-être des habitants.
  10. Développer des services publics locaux pour produire une énergie 100% renouvelable et locale au bénéfice des habitants d’ici 2030.
  11. Remunicipaliser les services publics locaux de l’eau et de l’assainissement pour une distribution 100% public d’ici 2030.

Quelle démocratie énergétique à la Villeneuve ?

Le projet urbain de la Villeneuve à Grenoble et Echirolles a pour objectif de créer un écoquartier populaire. Ce projet prévoit notamment une réhabilitation thermique de plus de 2400 logements sociaux et plus de 600 logements privés. Lors du lancement du processus de labellisation écoquartier par la métropole, des habitants se sont clairement exprimés de la nécessité d’être associés aux processus participatif de pilotage et à une gouvernance élargie créant les conditions d’une mobilisation citoyenne conforme à l’engagement numéro 2.

Pour avancer concrètement nous souhaitons favoriser le développement des coopératives d’énergie citoyenne à la Villeneuve. Il s’agit de contribuer à des projets d’économie d’énergie et de production d’énergies renouvelables dans un cadre associant les citoyens, les collectivités et les acteurs du territoire. Ces coopératives contribuent à la démocratie énergétique qui a pour but que chaque habitant ait accès à suffisamment d’énergie, un abandon des énergies fossiles, une socialisation démocratique des moyens de production privilégiant les énergies renouvelable et une transformation des modes de consommations.

Comme l’a montré l’étude du potentiel solaire de la Villeneuve réalisée par le cabinet TECSOL, les immeubles de l’Arlequin peuvent accueillir des panneaux photovoltaïques sur les toits pour alimenter l’autoconsommation des parties communes et ainsi réduire le coût des charges pour les habitants. Lors des opérations de réhabilitation des équipements, il est également possible d’installer des centrales solaires photovoltaïques comme cela a été fait sur le parking silo. Evidemment, il est nécessaire d’aller au delà de l’installation de panneau solidaire en travaillant à la réduction de la consommation des services énergétiques (sobriété) et l’amélioration de l’efficacité de ces services comme le propose le scénario Negawatt Villeneuve.

Dès septembre 2020, nous proposons de lancer une campagne auprès des habitants, des associations et des structures de la Villeneuve pour souscrire des actions au sein d’une coopérative d’énergie (existant comme Energy Citoyennes ou à créer) visant à accélérer la mise en place d’installation photovoltaïques à la Villeneuve. Cette campagne de souscription sera lancée à travers l’organisation d’une soirée à la Villeneuve sur la démocratie énergétique.

Nous mettons également en place une liste de discussion pour favoriser l’organisation collective des habitants sur le volet énergétique.

Ressources :

Faire la ville avec et pour les habitants après la pandémie du Covid 19

Ce texte reprend quelques réflexions sur la crise sanitaire qui touche actuellement le monde. Il invite à repenser les manières de faire la ville avec et pour les habitants. Il a vocation à évoluer. Première version par Romain d’Appuii, V2 par David Gabriel de l’APU Villeneuve,

photo www.lecrieur.net cc-by-sa

Solidarité dans les quartiers populaires

La crise sanitaire a révélé l’importance des réseaux de solidarité, déjà fortement présente dans les quartiers populaires, pour faire face aux situations de pauvreté et de mal-logement.  À St-Denis, dans le quartier Franc-Moisin, les maraudes des associations locales continuent pour venir en aide aux personnes les plus démunies. À Trappes, l’ADLT (association des locataires de Trappes) continue le soutien des locataires face aux défaillances du bailleur. Aux Groux, à Fresnes, les plus jeunes du quartier se sont organisés pour venir en aide aux personnes âgées. A la Villeneuve de Grenoble, les initiatives se multiplient : mobilisation pour la réouverture du marché, dons importants de nourriture par des particuliers, distribution de repas en bas du 10-20 galerie de l’Arlequin par le CCAS, relais pour le soutien scolaire, applaudissements et chansons des balcons en soutien aux personnes engagées…

Ces quelques exemples mettent en lumière l’importance et la force des mobilisations citoyennes.

Démocratiser le logement social

Cependant, de nombreuses familles résidant dans le logement social rencontrent des difficultés avec leurs bailleurs sociaux. Alors que l’ensemble des activités non indispensables au maintien de la nation sont arrêtées, Plaine Commune Habitat continue le relogement des locataires du quartier de Franc-Moisin (St-Denis) alors même qu’aucune charte de relogement n’a été négociée avec les amicales de locataires. À Trappes, l’agence locale de Valophis Sarepa court après les locataires en difficulté pour toucher les quittances de loyer.

Face à cette situation se multiplient les pétitions partout en France pour revendiquer l’arrêt ou le report des loyers. Outre cette mesure indispensable, il semble nécessaire de repenser plus globalement les manières de gérer le logement social et de produire la ville. Depuis de nombreuses années, de nombreux collectifs et associations locales et nationales interpellent les pouvoirs publics locaux et nationaux ainsi que les bailleurs pour démocratiser leur fonctionnement. Aujourd’hui, face à la crise, ces revendications se font encore plus pressantes et impliquent des transformations nouvelles !

Transformer les projets urbains

La crise sanitaire du COVID19 a de nombreuses conséquences sanitaires, sociales, économiques et financières. Dans ce contexte, les autorités en charge des projets de rénovation urbaine doivent prendre la mesure de la crise pour adapter les projets urbains en les reconsidérant avec l’ensemble des parties, à commencer par les habitants. Les nouveaux projets urbains doivent contribuer à apporter des réponses à la crise dans le respect du Droit à la Ville.

Ensemble, nous souhaitons contribuer à une véritable transformation de la fabrique de la ville pour construire collectivement la résilience de nos territoires. Nous proposons d’échanger sur nos revendications et discuter des façons de construire des projets urbains qui contribuent à prendre soin des habitants et du territoire

Plaidoyer lors du second tour des élections municipales

Une multitude d’initiatives de plaidoyer ont été organisées pour le premier tour des élections municipales à Grenoble, Lyon, Marseille, St Denis et dans de nombreuses autres villes.

Pour le second tour des élections municipales, nous proposons de construire une nouvelle campagne de plaidoyer prenant en compte le contexte de crise. Cette campagne est complémentaire des revendications portées au niveau national.

Nous proposons d’utiliser le site internet www.agendadroitalaville.fr soutenu par la plateforme globale pour le Droit à la Ville pour donner à voir nos propositions et revendications.

Pour discuter de tout cela, nous vous proposons un séminaire sur le Droit à la Ville dans les villes et quartiers français le jeudi 7 mai de 10h à 12h (pour s’inscrire envoyer un mail à : dg.bodinier (a) gmail.com)

Prendre soin de Villeneuve : construire des propositions face à la crise

Construire ensemble des propositions face à la crise à la Villeneuve et au-delà

A la Villeneuve comme ailleurs, la crise sanitaire du COVID19 aura de nombreuses conséquences sociales, économiques et financières. Alors que l’on commence à réfléchir à l’après-crise, il n’est pas possible de faire comme si rien ne s’était passé.

Dans ce contexte, il est nécessaire d’adapter le projet urbain en le reconsidérant avec l’ensemble des parties, à commencer par les habitants. La transformation urbaine de la Villeneuve, et plus largement de la centralité sud, doit contribuer à apporter des réponses à la crise.

C’est pourquoi nous proposons que les habitants, associations, artisans, étudiants, professionnels deviennent force de proposition pour «Prendre soin de la Villeneuve » et au-delà. A partir de toutes les ressources existantes, nous vous proposons de construire un nouveau cycle pour imaginer la résilience du territoire.

Cette rencontre est ouverte à tous les acteurs du territoire et au delà. Le premier rendez-vous aura lieu le jeudi 30 avril de 18h à 21h par visioconférence.

La première rencontre de ce cycle aura lieu le jeudi 30 avril de 18h à 21h par visioconférence

Voir le CR de cette rencontre

La rénovation urbaine de Villeneuve doit prendre en compte la crise

Propager la solidarité, pas le virus

Depuis plusieurs semaines, des millions de personnes sont confinées pour éviter la propagation du virus Covid19. Ce confinement perturbe l’ensemble de nos activités. Cette situation a aussi contraint à limiter notre vie citoyenne : activités associatives, culturelles, éducatives, etc…

Nous soutenons et remercions tou-te-s celles et ceux qui continuent de travailler pour assurer les services publics et les besoins de premières nécessites, en particulier celles et ceux qui apportent du soutien aux personnes âgées ou vulnérables : un grand merci ! Nous n’oublions pas non plus celles et ceux qui retournent au travail (puisque tout arrêt de la production non-nécéssaire n’a pas été prononcé) mettant leur santé et leur vie en péril.

Cette crise révèle que nous ne sommes pas tous égaux dans le confinement. L’impact sur notre bien-être dépend de nos conditions de logement, de notre santé, de la possibilité d’assurer l’école à la maison et de nos ressources face à la crise. Pour nombre d’entre nous, il est devenu impossible d’apporter des services à nos proches et de continuer nos activités.

Dans ce contexte, plusieurs initiatives de solidarité ont émergé à la Villeneuve : mobilisation pour la réouverture du marché, dons importants de nourriture par des particuliers, distribution de repas en bas du 10-20 galerie de l’Arlequin par le CCAS, relais pour le soutien scolaire, applaudissements et chansons des balcons en soutien aux personnes engagées… Nous appelons à amplifier les actions de solidarité et à continuer de soutenir toutes celles et ceux qui sont en première ligne.

Réquisition et suspension des loyers et des charges

Le confinement accentue gravement les inégalités de logement. Dans nos quartiers populaires, le surpeuplement, l’insalubrité de certains lieux et l’arrêt des travaux marquent toujours plus la vie quotidienne. Plus de 1500 personnes étaient à la rue dans l’agglo avant cette crise sanitaire : c’est aujourd’hui la première menace du développement du COVID19. Dans ce contexte, nous exigeons l’application de la loi de réquisition des immeubles vides pour y loger dignement toutes les personnes sans logement pour que chacun puisse rester chez soi confinés.

Alors que des milliers de personnes ont perdu tout ou partie de leurs ressources dans la crise (perte de travail déclarée ou non, arrêt des périodes d’essai, chômage technique, allocations bloquées, etc.) nous ne pouvons nous contenter du seul report de deux mois de la trêve hivernale, qui ne fera que retarder les mises à la rue massives qui s’annoncent si rien n’est fait : nous attendons dès maintenant un moratoire sur les expulsions et la suspension des loyers et factures d’avril à septembre 2020, comme ce qui se fait en Espagne, au Portugal, en Allemagne ou au Royaume-Uni. A ce jour, près de 140 000 personnes ont signé des pétitions allant dans ce sens. Et nous pouvons tous repérer des situations désespérées dans notre voisinage pour les dénoncer avec les associations de locataires engagées..

Malgré l’annulation des manifestations prévues pour la journée européenne d’action pour le droit au logement du 28 mars 2020, des banderoles ont été accrochées aux fenêtres pour exiger des mesures pour les sans abris, l’arrêt des expulsions et un moratoire sur les loyers et factures. Le collectif RIC Arlequin et nos organisations s’associent à ces revendications qui sont vitales pour faire face à la crise. Nous demandons aux bailleurs de logements sociaux, à la ville de Grenoble et à Grenoble Alpes Métropole de suspendre les loyers et factures et demander au gouvernement des mesures de compensation. Nous saluons les initiatives des propriétaires privées qui acceptent déjà ou accepteront également de suivre ces orientations.

Impact de la crise sur le projet de rénovation urbaine

La crise sanitaire du COVID19 aura de nombreuses conséquences sociales, économiques et financières. Il ne sera pas possible de faire comme si rien ne s’était passé. Dans ce contexte, les autorités en charge du projet de rénovation urbaine doivent prendre la mesure de la crise pour adapter le projet urbain au nouveau contexte en le reconsidérant avec l’ensemble des parties, à commencer par les habitants.

S’il est encore trop tôt pour mesurer tous les impacts de cette crise sur le projet urbain, la situation actuelle a ouvert les yeux sur les inepties passées. Ce moment démontre entre autre l’importance de l’accès au logement social pour les plus démunis. La transformation urbaine de la Villeneuve, et plus largement de la centralité sud, doit contribuer à apporter des réponses en abandonnant les projets écologiquement inadmissibles dont la démolition de logements sociaux. Il est impératif que les institutions prennent en compte cette nouvelle donne et fassent le choix d’une vraie co-construction. Il n’est plus possible de reprendre comme avant (voir : « Plus jamais ça, signons pour le jour d’après »).

Concrètement, nous proposons que les habitants, associations, artisans, étudiants, professionnels deviennent force de proposition pour prendre soin et « Repenser Villeneuve » . A partir de toutes les ressources existantes, nous vous proposons de construire un nouveau cycle « Prendre soin de Villeneuve : construire des réponses face à la crise » pour imaginer la résilience du territoire. Le premier rendez-vous aura lieu ce jeudi 30 avril de 18h à 21h par visioconférence (inscription sur ricarlequin@gmail.com).

Ensemble agissons donc pour:

– un moratoire du paiement des loyers et des charges.

– lattribution de logements vides notamment au 10-20 et 30 galerie de l’Arlequin et au foyer Adoma.

– l’ouverture d’une réflexion collective pour repenser un projet urbain de la Villeneuve qui répondra différemment et au plus vite à la crise sociale, écologique et économique.

Signatures : Groupe de Travail RIC Arlequin, DAL 38, Alliance Citoyenne, Atelier Populaire d’Urbanisme (APU)

Luttes de quartier et Droit à la Ville à Grenoble

Introduction

D’une crise à l’autre. De la crise économique de 2008 à la crise de Covid-19. Nous avons subi l’impact des coupes dans les services publics et nous avons vu les communautés et les militants réagir en créant des espaces d’entraide et d’auto-organisation pour prendre en charge collectivement les soins avec une conception inclusive du soin : non seulement en donnant accès aux services et équipements médicaux, mais aussi en offrant une solidarité sous forme de soutien psychologique, de défense contre la violence domestique, pour le logement et le maintien des revenus et pour un accès à la culture.La crise de la COVID-19 n’est pas seulement une crise de santé publique tout comme la crise économique ne sera pas seulement une crise de la dette. Séparer les deux est artificiel. Dans la perspective de l’évènement organisé en décembre 2020, il a été proposé aux participants du projet « Horizon Communs » de présenter des initiatives et de réflexion partagée sur les façons dont les militants se sont organisés en réponse à ces crises.
Nous avons essayé de rassembler quelques initiatives menées à Grenoble, plus particulièrement dans le quartier emblématique de la Villeneuve

MARS 2020: Solidarité de voisinage

La pandémie de COVID-19 s’est diffusée en France à partir du mois de mars 2020. Dès la mi-mars, tous les espaces publics ont été fermés pour confiner la population à domicile. La mise en place du confinement coïncidait avec le premier tour des élections municipales. Pendant deux mois, l’accès aux espaces publics étaient très réduits. Cette période a été marquée par une extraordinaire solidarité des habitants et une mobilisation exceptionnelle des services publics, en particulier dans le domaine de la santé.

A Grenoble, la première mobilisation des habitants a porté sur la réouverture des marchés pour assurer l’accès et le soutien aux producteurs locaux de fruits, légumes, œufs… Cette mobilisation s’est d’abord déclenchée sur les réseaux sociaux a été rapidement relayée par le maire de Grenoble qui a obtenue la réouverture des marchés dès la première semaine du confinement.

Des groupes d’entraides se sont mis en place à l’échelle des immeubles, des quartiers et de la ville. L’objectif était d’éviter que des personnes restent isolées, avec une attention particulière aux personnes âgées. Une multitude d’initiatives ont eu lieu : distribution de nourriture, confection de masque en tissu, courses pour des personnes âgées ou en mobilité réduite, soutien scolaire à distance, chorale d’habitants…

AVRIL 2020:Prendre soin de Villeneuve

Durant le confinement, notre espace public a pris d’autres formes. Evidemment, il y avait de nombreux échanges sur internet, mais nous avons remarqué également d’autres initiatives qui utilisaient la fenêtre comme un nouvel espace public. Comme le disait l’architecte Hundertwasser, les habitants ont un droit à la fenêtre.

A Grenoble comme ailleurs en Europe, les habitants se sont positionnés aux fenêtres pour applaudir l’ensemble du personnel de santé, chaque soir à 20h. A la Villeneuve de Grenoble, des habitants et plusieurs musiciens ont chanté tous les soirs à 18h depuis leurs balcons et leurs fenêtres. Cette initiative a été relayée par des médias locaux qui ont permis de diffuser une image positive du quartier. On pouvait entendre des chansons antifasciste comme Bella ciao et des chansons écrites par Marie Mazille et Franck Argentier qui a été fortement diffusé sur les réseaux sociaux.

Plus d’infos: https://www.lecrieur.net/au-170-la-musique-se-joue-confinement/ and https://www.youtube.com/watch?v=0w5eAOkkN18

Au delà de l’idée du « Droit à la Fenêtre », la notion de “prendre soin de notre quartier” a été exprimé comme un Horizon Commun à atteindre pour l’avenir. A partir de ce slogan, une soirée a été organisée pour construire des propositions face à la crise. Il s’agissait de soutenir et amplifier les initiatives d’entraide et de solidarité, de relayer la campagne sur le moratoire des loyers et des charges et de formuler des propositions pour imaginer l’avenir, prendre soin du quartier et favoriser le bien être des habitants dans cette période difficile.Au cours de cette rencontre, les habitants et associations ont pu partager de l’information sur les activités mutuelles.

De nombreuses initiatives de solidarité et d’entraide ont été présenté, par exemple en le soutien à des familles en difficultés oula diffusion d’activités culturelles. Pendant le confinement, Madame Ruetabaga et la Maison des idées ont par exemple réalisé, un petit kit à destination des enfants pour qu’ils produisent des livres. La salle se spectacle, l’Espace 600, a mené un projet intitulé “les personnes au bout du fil” tandis que des personnes du village Olympique ont proposé de réalisé des dessins dans la perspective d’une exposition collective.

MAI 2020: Campagne sur le moratoire des loyers

Tout au long du confinement, des appels à la grève des loyers et des charges se sont multipliés. Le Droit au logement et les fédérations de locataires ont écrit au maire de Grenoble pour demander un moratoire des loyers au maire de Grenoble. Le groupe RIC Arlequin a diffusé le moratoire des loyers auprès de 1000 locataires de l’Arlequin. Par ailleurs, un appel à signature a été diffusé au sein des associations de Villeneuve pour apporter le soutien au moratoire. L’Alliance Citoyenne a mené une démarche complémentaire avec l’envoi d’une lettre aux élues pour demander la réduction et l’annulation des loyers et des charges de façons ciblée sur les familles qui ont des difficultés.
Lorsqu’il a été possible de se réunir dans l’espace public, les militants ont organisé des actions. Le samedi 30 mai, une quinzaine de personnes s’est réunie sur la place du marché de la Villeneuve avec un double objectif : parler de la campagne nationale pour un moratoire sur les loyers et donner le coup d’envoi d’une vaste enquête auprès des habitants de l’Arlequin sur leur perte de revenus pendant le confinement.

Comme l’a précise Raphaël Beth dans un article publié dans le Crieur de la Villeneuve : « Les bailleurs sociaux ont ouvert des démarches, au cas par cas, en cas de difficulté pour payer le loyer. Or, il faut pouvoir prouver sa perte de revenus pour bénéficier d’une aide. Quand ce sont des revenus informels, ce n’est pas possible de le faire. L’enquête, via des questionnaires à remplir, pourra montrer l’ampleur de la perte de revenus des locataires.» (Voir https://www.lecrieur.net/une-enquete-sur-les-pertes-de-revenu).

JUIN 2020:Plaidoyer pour le Droit à la Ville

Lors du premier tour des élections municipales en mars 2020, des organisations d’habitants de Grenoble, Lyon et Marseille ont initié la campagne « L’Agenda pour le Droit à la Ville » qui a permis de rassembler 350 propositions. La fin de cette campagne de plaidoyer avait été marquée par la mise en place du confinement qui coïncidait avec le premier tour des élections municipales.
Pour le second tour qui se déroulait le 28 Juin, les organisations d’habitants ont décidé de mener une nouvelle campagne de plaidoyer pour mettre en débat nos revendications pour la construction d’un agenda pour le droit à la ville. Pour répondre à cette crise, deux ensembles de propositions semblaient prioritaires :

– Un plan d’urgence pour le logement et la ville 

  • la suspension du loyer et des charges pour les familles en difficulté ,
  • l’interdiction des expulsions sans solution de relogement
  • un fonds de compensation pour les bailleurs et les services publics locaux impactés.

Ces mesures d’urgence sont à intégrer dans un plan exceptionnel pour le logement et la ville co-construit avec les habitant-e-s, dans le respect des règles environnementales, visant à

  • Inscrire l’objectif de 30% de logements sociaux pour 2030 dans le Plan local de l’habitat et à l’échelle des quartiers pour lutter contre la ségrégation urbaine,
  • augmenter substantiellement le nombre de place en hébergement pour répondre à l’objectif zéro personne à la rue.

–  La démocratisation de la fabrique de la ville 

Depuis des années, les organisations d’habitant-e-s exigent d’être associées à la fabrique de la ville. Malgré la réforme de la politique de la ville en 2014 qui a introduit le principe de co-construction, les changements concrets se font toujours attendre.

Pour remettre les habitants au centre de ces projets, nous demandons de:

  • Ouvrir à tous les citoyens et leurs représentants les instances techniques et politiques des projets urbains pour assurer la transparence de l’action publique et la véritable co-construction des projets.
  • Instaurer des instruments de démocratie directe, tel le référendum d’initiative citoyenne, pour favoriser l’expression réelle des premiers concernés.
  • Mettre en place des moyens financiers spécifiques, tels le fonds d’initiative citoyenne ou le 1% citoyenneté, pour doter les habitants des moyens nécessaires à une expertise indépendante et à la reconnaissance de leurs savoirs d’usage
  • Démocratiser le fonctionnement des bailleurs sociaux à travers la gestion urbaine de proximité et la co-construction des opérations de réhabilitation.
  • Réformer l’agence nationale de rénovation urbaine à partir d’un projet de loi pour renforcer la mise en œuvre de l’agenda pour le droit à la ville (voir annexe).

JUILLET & AOUT 2020: Réappropriation de l’espace public

Après ces longues semaines de confinement, tout le monde avait le désir de passer tout l’été au grand air, de discuter avec ses voisins à l’ombre d’un arbre, se détendre quelques heures et retrouver sa liberté !

Comme chaque année, un collectif d’association a propose de se rassembler autour du petit lac de la Villeneuve pour se réapproprier l’espace public, pour prendre soin de soi, des autres, de notre quartier, de notre ville. Tout au long de l’été, les associations de Villeneuve et d’ailleurs ont prévu des activités, des ateliers, des contes, des démonstrations, des spectacles, des concerts, une buvette pour se rafraichir et des petits plats à déguster.

Les habitants pouvaient venir seul ou en famille, avec ses voisins de 16h à 21h pour profiter des longues journées, des après-midis ensoleillées et des douces soirées d’été ! Si l’évènement a été un réel succès populaire avec plusieurs centaines de participants, il a également été marqué par plusieurs épisodes de violence. Dès le confinement, les associations avaient alertées sur la montée des violences domestiques qui risquaient de se répercuter sur l’espace public.

La présence des associations et des habitants dans l’espace public a permis de discuter de cette situation et se donner rendez vous à la rentrée pour la quinzaine de la non-violence.

OCTOBRE 2020: Quinzaine de la non-violence

A la rentrée 2020, les habitants et associations de la Villeneuve se sont retrouvés pour la quinzaine de la non-violence organisée depuis plusieurs années. Malgré les contraintes sanitaires qui a provoqué l’annulation de nombreux évènements, il a été possible d’organiser plusieurs initiatives dont une rencontre au café associatif « Le Barathym » visant à formuler des proposition pour réinventer la prévention avec les habitants.

Cette initiative propose de s’inspirer des méthodes du leadership civique de Bogota qui a permis une amélioration spectaculaire de la sécurité de la ville entre 1994 et 2003 (source EFUS.eu). La méthode de Bogota est de promouvoir la culture citoyenne, d’aider à résoudre pacifiquement les conflits entre les personnes, d’aider les groupes les plus vulnérables de la population, réduire les risques de délit et former des acteurs clefs de la communauté à l’élaboration d’une stratégie pour renforcer la participation citoyenne et la prévention.

L’objectif est de s’attaquer aux causes de la violence et de la délinquance. Les facteurs personnels et familiaux, l’exposition à la violence, la précarité du logement, l’environnement, la scolarisation et les conditions locales, et les inégalités constituent tous des facteurs de risque liés à la délinquance, souvent exacerbés par la présence de drogues et d’armes, et le manque de possibilités de réinsertion sociale.

NOVEMBRE 2020: Villeneuve Numérique

Comme lors du premier confinement, la démarche Villeneuve Numérique s’est mise en place pour soutenir les habitants, les associations et collectifs pour continuer leurs activités à distance et soutenir les démarches administratives, etc…
Cette démarche a permis de mettre en place des outils numériques libres à disposition d’un groupe de voisin, un comité d’immeuble, une association ou collectif. Les habitants pouvaient créer des dossiers partagés sur un nuage dédiée à la Villeneuve pour partager des document collaboratifs, partager des comptes-rendus et d’autres documents. Il s’agissait de voir dans quel mesure les communs numériques pouvaient venir en soutien des communs urbains durant la période de confinement.

NOVEMBRE 2020: Hommage à André Béranger

La crise du COVID est une période qui a été profondément marqué par le décès de membres de nos communauté, soit à cause du virus ou d’autres maladies. Les restrictions sanitaires ont obligé les familles à organiser des célébrations en petit comité. A la Villeneuve, les habitants ont rendu hommage à André Béranger, un pionnier de l’Arlequin, instituteur et militant de la Villeneuve de Grenoble qui a défendu les droits humains tout au long de sa vie, en particulier le droit à l’éducation, le droit au logement et le droit à la ville.

André Béranger était resté fidèle au projet politique de la Villeneuve. Le regard tourné vers l’avenir, il considérait la Villeneuve comme un bien commun à défendre et à transmettre aux prochaines générations en préservant le logement populaire. Il a co-fondé l’association Villeneuve Debout au lendemain de l’été 2010, puis le collectif contre les démolitions et soutenu la mise en place de l’Atelier Populaire d’Urbanisme (APU).

André Béranger demeurera indéniablement une figure majeure de la Villeneuve comme en témoigne l’hommage qui lui a été rendu en plein confinement. La veille de sa mort, des dizaines d’habitants se sont réunis en entonnant des chansons engagés au rythme des percussions, scandant son prénom en apercevant sa silhouette à la fenêtre de son immeuble de la Galerie de l’Arlequin.

Une projection clin d’oeil à André a eu lieu vendredi 27 Novembre sur le 10 Arlequin (où André et Ariane ont habité de 1973 à 1980, juste au dessus de l’école des Charmes) en partenariat avec la Maison de l’image et Vidéogazette (https://www.videogazette.net)

DECEMBRE 2020: Relocalisons !

Le 4 décembre, les membres de l’équipe Exporterre en partenariat avec Transform’ ont lancé l’initiative « Relocalisons ! » qui propose d’imaginer la production locale d’une dizaine d’objets et de services de la vie quotidienne dans l’agglomération grenobloise pour qu’ils deviennent des biens communs. Cette initiative s’inscrit dans la continuité du travail mené par l’équipe Exporterre sur l’économie informelle dans les quartiers populaires.

Alors que dans le contexte de la crise sanitaire, sociale, économique et écologique, la relocalisation se présente aujourd’hui comme une évidence qui s’impose à tous, il s’agit désormais nécessaire de passer de l’idée à sa concrétisation. Cette première rencontre a permis de confirmer l’intérêt des partenaires et commencer à définir une liste d’une dizaine d’objets et de services qui seront travailler ensemble lors d’ateliers participatifs qui se dérouleront de janvier à avril 2021 pour identifier les compétences, réfléchir à l’éco-conception et au cycle de vie des objets et services.

Conclusion : Réflexion sur la santé, la dette et les communs urbains

A partir d’une perspective locale, les liens entre la santé, la dette et les communs urbains paraissent évident. L’enquête sur les impayés de loyers nous a permis de voir que 80% des habitants affirment avoir des difficultés financières depuis le début du confinement et 60% des habitants enquêtés ont subi des pertes de revenus. Il est probable que cette situation entraine une augmentation des dettes et nous savons que les dettes peuvent entrainer une spirale négative aboutissant à la dégradation de la santé. Lors du confinement, des actions de solidarité ont été mené entre voisins, soutenu par des communs numériques. L’idée de prendre soin de son quartier s’est diffusé, dans une vision élargie de l’idée de soin. Lorsque cela a été possible de ressortir au grand air, nous avons lancé des initiatives pour se réapproprier les communs urbains à travers des actions dans l’espace public et organiser des activités culturelles.

Au cours de cette période, certains d’entre nous ont été marqué par le décès de proches. A la Villeneuve, l’instituteur et militant André Béranger est décédé le 15 novembre 2020, au lendemain d’un hommage de ses amis et voisins. Malgré toutes les actions, nous sommes inquiets de l’impact de la crise sanitaire sur la santé des habitants, les difficultés d’accès aux soins et l’aggravation des conditions de vie. Nous constatons que malgré de nombreuses alertes, les bailleurs sociaux n’ont pas mis en place de dispositif spécifique pour aider les locataires qui ont des problèmes de santé. Nous remarquons également que beaucoup d’habitants ne reçoivent pas de réponse à leur demande d’obtenir un logement adapté.  Nous sommes inquiets pour les personnes âgées et les personnes isolées. Il est urgent de mettre la santé au centre de nos réflexions, de renforcer la prévention et l’accompagnement des familles dont l’un des membres peut être affectés par une maladie chronique ou grave. Au delà de la solidarité, nous proposons de réfléchir au lien santé et logement à travers une campagne d’interpellation de tous les acteurs : habitants, associations, centres de santé, personnel de santé, travailleurs sociaux service municipal de santé, CHU et les bailleurs sociaux pour réfléchir ensemble à une meilleure prise en compte de la santé des habitants.

Nous ne savons pas si le lien que nous avons fait au niveau local entre la santé, la dette et les communs urbains est transposable à d’autres échelles. Nous avons conscience que la mondialisation néolibérale a provoqué des coupes dans les services publics qui sont de plus en plus affaibli et que nous avons été obligé de nous organiser pour prendre en charge certaines actions. Mais, il est important d’être collectivement vigilant face au probable retour de l’austérité une fois la crise sanitaire terminée. Nous devons également tiré des apprentissages des évènements que nous sommes en train de vivre pour se préparer aux futures crises sociales, sanitaires, financières, économiques et climatiques. Dans ce marasme, nous souhaitons regardez l’horizon qui, nous le souhaitons, sera un Horizon en Commun.

CREDITS :
Rédaction : David Gabriel, Next Planning pour l’Assemblée des Communs de Grenoble . Contact :
planning@zaclys.net
Photos et Illustrations : p2, Benjamin Bultel, www.lecrieur.net ; illustration Next Planning, p4, Benjamin
Bultel www.lecrieur.net, illustration Next Planning, p6, photos Villeneuve Plage : Next Planning, p8 : photo
APU, anonyme, projection Clin d’oeil à André, photo Willy Lavastre, p9, logo Relocalisons, Next Planning.